Né à Moscou en 1953, de parents ossètes, puis élevé dans le Caucase, Valery Gergiev étudie la musique au Conservatoire de Léningrad avec Ilya Musin. D’abord destiné à la carrière de pianiste, il reçoit à l’âge de 23 ans le passeport qui lui permettra de participer au Concours de direction d’orchestre Herbert von Karajan à Berlin. Deux ans plus tard, il est nommé chef au Kirov.
Élu directeur artistique de l’Opéra en 1988, à l’âge de 35 ans, Valery Gergiev se voit confier l’entière responsabilité de l’orchestre, de l’opéra et du ballet par le gouvernement russe en 1996. Il a pour “mission” de faire en sorte que les troupes du Mariinski soient les meilleures du monde. Presque inconnu dans les pays occidentaux il y a dix ans, mais considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs chefs du monde, Gergiev est sollicité par pratiquement tous les grands orchestres et opéras. Sa motivation principale n’en reste pas moins la même : rendre toute sa fierté à Saint-Pétersbourg et au théâtre Mariinski (dont les destinées sont, à ses yeux, inextricablement liées).
En 1998, son dynamisme lui vaut le tout premier Philips Excellence in Arts Award, prix destiné à récompenser des individus ou des sociétés déterminés, comme Philips Electronics, à “améliorer les choses”. Le prix d’une valeur de 100 000 dollars est partagé par Gergiev entre le Metropolitan Opera, l’Opéra Mariinski et l’Académie de musique que Valery Gergiev a créée en Ossétie. Plus tard, la même année, Philips parraine la tournée du Mariinski en Chine, première historique qui inclut une représentation dans la Grande Salle du Peuple à Pékin et en présence du président Jiang Zemin. C’est la première fois depuis 40 ans qu’un orchestre russe se rend en Chine. Les accolades se multiplient : Prix Dmitri Chostakovitch, titre d’Artiste du peuple de l’année et Prix du Masque d’or – récompense la plus prestigieuse de Russie en matière d’arts de la scène. Il reçoit le Prix spécial du quotidien du soir britannique, Evening Standard, le journal The Independant le nomme Musicien de l’année et il figure comme Chef d’orchestre de l’année dans Musical America.
Afin de mener à bien sa “mission”, Gergiev participe directement à la création d’un réseau sophistiqué d’aide internationale. Ce réseau a pour fonction de développer le profil international du Mariinski, de lui attirer les faveurs du mécénat d’entreprise, d’acheter de nouveaux instruments et équipements, de créer des échanges éducatifs, voire d’assurer le parrainage des productions en tournée. Au Royaume-Uni, l’association des Amis du Kirov créée en 1993, a pour président Placido Domingo, les nombreuses manifestations qu’elle organise pour collecter des fonds se font souvent sous le patronage de la famille royale et du Prince Charles, la plus récente ayant eu lieu au palais de Buckingham en avril 1999. En 1998, les Amis du Kirov parrainent une nouvelle production de La Force du destin, qui fournit la matière d’un film distribué dans le monde entier. D’importants opéras de Moussorgski, Tchaïkovski, Rimski-Korsakov, Prokofiev et Chostakovitch ainsi que des ballets de Stravinsky font maintenant partie du répertoire. Après avoir reconstitué l’orchestre et rétabli sa réputation, Gergiev commence à jouer des œuvres occidentales jusque là négligées. Sa plus grande réussite dans ce domaine est la mise en scène de Parsifal pour la première fois en Russie depuis 80 ans. C’est avec une nouvelle production d’Otello interprétée par Placido Domingo qu’il fait ses débuts au Metropolitan Opera, où il retourne ensuite avec, notamment,
La Dame de Pique, Boris Godounov, La Khovantchina et Lady Macbeth de Mtsensk.
Les éditions Philips-Mariinski sont comme le miroir des activités de la troupe, presque tous les grands projets ayant fait l’objet d’enregistrements sonores et/ou vidéo. Cette discographie reflète la place importante dans le patrimoine musical de Saint-Pétersbourg de deux compositeurs qui ont influé durablement sur la troupe et son répertoire : Rimski-Korsakov et Prokofiev. Ont été gravées, entre autres, les intégrales de La Jeune Fille de Pskov, La Khovanstchina, Guerre et Paix, Sadko, Le Prince Igor, La Dame de Pique, Rouslan et Ludmilla, Iolanta, L’Ange de feu (Prix Gramophone du meilleur enregistrement lyrique en 1996), La Force du Destin (première gravure de la version originale, celle de Saint-Pétersbourg), Le Joueur, Mazeppa, Kashchei l’Immortel, Les Fiançailles au Couvent, Boris Godounov et La Jeune Mariée de Tsar, ainsi que les intégrales des ballets, Roméo et Juliette, La Belle au bois Dormant, L’Oiseau de Feu et Shéhérazade. Les enregistrements d’opéra les plus récents de Gergiev sont Simeon Kotko, dont la parution en juin 2000 a coïncidé avec la représentation qui en a été donnée à Covent Garden, et L’Amour des trois oranges de Prokofiev.
Si ces enregistrements témoignent du talent de Gergiev pour l’art lyrique, ceux qu’il réalise dans le domaine orchestral n’en sont pas moins importants. On lui doit notamment la Symphonie n° 5 de Tchaïkovsky (premier disque qu’il ait réalisé avec l’Orchestre Philharmonique de Vienne), la Symphonie n°2 de Rachmaninov, l’intégrale des concertos pour piano de Prokofiev avec Alexander Toradze, la Symphonie n° 8 de Chostakovitch, White Nights, disque consacré aux trésors de la musique russe, et Ivan le Terrible avec l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, des arias de Tchaïkovski et de Verdi interprétés par Galina Gorchakova ; et des mélodies de Moussorgski et ses Danses de la Mort avec Dmitri Hvrostovski. Parmi les parutions récentes, des concertos pour piano de Grieg et de Chopin avec Jean-Yves Thibaudet édités par Decca à la suite du concert spectaculaire donné aux Proms de Londres avec l’Orchestre philharmonique de Rotterdam.
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