Né le 2 décembre 1899 à Londres (Angleterre) - décédé le 29 juillet 1970 à Londres (Angleterre)
Giovanni Barbirolli était d’origine française par sa mère et italienne par son père. La musique était au cœur de la famille : le père et le grand-père de Sir John avaient été membres de l’orchestre de La Scala et avaient joué lors de la création d’Otello !
Dès son plus jeune âge, le garçon fréquente les concerts et commence l’étude du violon, puis du violoncelle. Les débuts sont brillants et le futur chef gravit les échelons : bourses, prix, concerts. Il est remarqué par Henry Wood qui l’engage dans son Queen’s Hall Orchestra.
En 1917, il donne son premier récital en solo et s’engage dans l’armée où il a l’occasion de diriger pour la première fois.
Sa carrière continue son ascension : l’artiste donne même, en soliste, la deuxième exécution du concerto pour violoncelle d’Elgar avec l’orchestre de Bournemouth. Mais Barbirolli est depuis toujours attiré par la carrière de chef : il fonde (en 1924) le Barbirolli Chamber Orchestra et est nommé chef de la British National Opera Company (1926).
Il remplace Thomas Beecham à la tête du LSO (1927) et devient le plus jeune chef à diriger la Royal Philharmonic Society (1929). Suite au concert, de 1927, avec le LSO dans la redoutable symphonie n°2 d’Elgar, le chef signe un contrat d’enregistrement avec EMI. Au programme de ce premier disque : l’Introduction et Allegro d’Elgar. Le succès le poursuit et le chef est engagé au Hallé orchestra de Manchester et à l’Opéra d’Ecosse.
Mais le tournant de sa carrière va se passer aux USA au milieu des années 1930.
En 1936, le Philharmonique de New York recherche un chef d’orchestre ! Toscanini a quitté la formation pour prendre la tête du NBC Symphony Orchestra dévolu aux programmes radios ; Furtwängler, alors contacté, a refusé de quitter Berlin. L’orchestre choisit une direction multi-céphale et invite Sir John Barbirolli à diriger une série de concerts. Le succès est tel que l’orchestre lui demande de devenir chef permanent et dès la saison 1937-1938, l’artiste est aux commandes de la phalange. Les programmes offrent une large part de musique contemporaine et le chef donne les premières mondiales d’œuvres majeures, comme la Sinfonia da requiem de Britten. Pourtant, les relations avec la presse sont tumultueuses. Le chef est souvent attaqué et comparé à Toscanini (ce qui ne joue pas en sa faveur). À la fin de la saison 1942, le chef quitte son poste. Le Los Angeles Philharmonic lui propose de devenir son chef principal, mais l’artiste préfère rentrer dans sa chère Grande-Bretagne !
De retour en Angleterre, Barbirolli, se lie avec le Hallé Orchestra de Manchester. C’est le début d’un mandat de vint-sept ans qui durera jusqu’à la mort du chef. C’est aussi, comme Karajan-Berlin, Bernstein-New York ou Mravinski-Leningrad, l’un des grands tandems de l’histoire du disque avec des centaines de galettes éditées pour EMI, le label auquel le chef voue une belle fidélité. Cet attachement à l’orchestre de Manchester ne l’empêche pas de mener une carrière de chef invité à travers la Grande-Bretagne (LSO, Philharmonia, BBC Symphony Orchestra) et à travers le monde (Berlin Philharmoniker qu’il conduit régulièrement à partir de 1961). En 1960, il reprend goût aux voyages transatlantiques et accepte de succéder à Leopold Stokowski à la tête du Houston Symphony Orchestra ; jusqu’en 1967, le chef se rend au Texas, à raison de douze semaines annuelles.
Barbirolli accorde aussi du temps à une de ses passions : l’opéra. Il dirige à Covent-Garden, mais aussi au Staatsoper de Vienne et à l’Opéra de Rome. Mais fatigué par un corps qu’il n’a pas ménagé, Barbirolli s’éteint presque au pupitre alors qu’il allait entrer en répétition, avec le Philharmonia, en vue d’une tournée au japon.
Le répertoire du chef était des plus vastes même si l’on associe son nom essentiellement aux œuvres anglaises, à Mahler ou Sibelius. Avec le Hallé Orchestra, le chef a enregistré une vaste palette de compositeurs compris entre Corelli et Stravinsky !
Ses interprétations des classiques et surtout de Schubert lui ont valu une grande réputation auprès de ses contemporains.
L’artiste a toujours soutenu la création, essentiellement les partitions de ses compatriotes. De nombreux compositeurs lui en ont été reconnaissants : ainsi Vaughan-Williams lui a dédié ses Symphonies n°7 et n°8.
Lors de ses premières années comme chef, Barbirolli fut cantonné à l’accompagnement de concertos. Tous les plus grands solistes de l’époque : Schnabel, Cortot, Rubinstein, Heiftez ont gravé des sessions majeures sous sa conduite pour HMV. Pourtant, ces collaborations occultèrent ses talents de chef symphonique et ce point lui fut reproché lors de ses années new-yorkaises ! si bien que le chef devint très tatillon sur le sujet et n’accepta que tardivement d’accompagner, à nouveau, des solistes pour des enregistrements.
Au disque, pour EMI, le chef nous a laissé des témoignages majeurs des symphonies de Mahler (n°5, n°6 et n°9), une intégrale oubliée mais magistrale des symphonies de Sibelius (avec l’un des plus belles Symphonie n°4 de l’ensemble de la discographie), mais surtout des gravures majeures de pièces d’Elgar, Britten, Bax, Vaughan Williams. De ses compatriotes, Elgar est certainement le plus représenté dans sa discographie. Barbirolli grava à quatre reprises l’Introduction et Allegro pour cordes alors qu’il laisse des versions incontournables du Dream of Gerontius, des Variations Enigma et des symphonies. Le chef était aussi à son aise dans le grand répertoire et il eut la chance de graver les symphonies
de Brahms à Vienne bien qu’il fut assez déçu des réactions de l’orchestre à ses interprétations. On lui doit aussi des très beaux témoignages dans la musique française (Berlioz, Ravel, Debussy). Le chef a également laissé des témoignages avec le Hallé orchestra pour l’éditeur Pye Records. BBC Legend, spécialisé dans l’édition de concerts des archives des radios publiques anglaises nous a offert la publication de bandes majeurs montrant le charisme du chef en concert. On peut ainsi relever une Symphonie n°3 de Mahler et un album de musique anglaise centrée sur une lecture incandescente de la Sinfonia da Requiem de Britten.
Dans la fosse, Sir John put laisser des témoignages d’Otello et de Madama Butterfly. EMI lui avait proposé d’enregistrer les Maîtres chanteurs de Nuremberg à Dresde en 1970, mais choqué par l’attitude des Soviétiques à Prague en 1968, l’artiste refusa tout engagement de l’autre côté du Rideau de fer ! Les sessions revinrent à Karajan. EMI avait également planifié un enregistrement de Manon Lescaut de Puccini que le décès du chef de permit pas de concrétiser.
Le legs du chef est bien édité par la filiale anglaise de EMI. Par ailleurs, nombre de ses disques sont des piliers des collections économiques du label anglais. De son côté la société Barbirolli fondée en 1972, édite de nombreux témoignages studios ou de concerts du chef.
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