Commentaire :
Né le 22 février 1817 à Copenhague (Danemark) - mort le 21 décembre 1890 à Copenhague (Danemark)
Niels Wilhelm Gade, est un compositeur danois. Il a dominé la vie musicale danoise pendant 50 ans.
Fils d'un menuisier facteur d'instruments de musique, notamment de pianos, il suit les cours de violon du violoniste F.T. Wexschall et de composition du compositeur A.P. Berggreen. Bien qu’il s’engage alors d’abord dans une carrière de violoniste, son but est de devenir compositeur. Après quelques œuvres initiales comme Aladdin (1839), il écrit sa première œuvre majeure, l'ouverture Souvenirs d'Ossian, qui sera primée par la Société musicale de Copenhague en 18402 (dans le jury se trouvaient Louis Spohr et Friedrich Schneider).
La devise de cette ouverture est «la forme ne nous lie pas, notre art s'appelle la poésie». Dans le même esprit, la première symphonie est une œuvre de grandes proportions, et plus libre que les œuvres plus classiques qui caractériseront souvent à l'avenir les compositions de Gade. Celle-ci est alors envoyée à Felix Mendelssohn qui, enthousiaste, la crée avec son orchestre du Gewandhaus de Leipzig le 2 mars 1843. Le succès est tel que Mendelssohn lui propose de devenir son assistant.
Avec l'aide d'une bourse de voyage du gouvernement danois, il se rend à Leipzig afin d'y enseigner et d'assister Mendelssohn au pupitre de direction. Il se lie aussi d'amitié avec Robert Schumann, qui voit en lui un «compositeur exceptionnel» avec lequel il «sympathisait comme avec peu». Schumann écrit un long article enthousiaste sur le jeune compositeur, qui- dit-il - ressemblait à Mozart et dont les lettres du nom s'écrivaient comme celles des quatre cordes du violon (GADE en allemand donne sol/la/ré/mi).
Après ce départ fulgurant, son nom deviendra rapidement connu dans toute l'Europe. A cette époque, Gade s'écarte lentement de l'idéal plus nordique et sombre de son ouverture Ossian et de sa première symphonie, et s'approche dans ses œuvres, sur les conseils notamment de Schumann, du style de l'école de Leipzig. Tel est la cas notamment de sa seconde symphonie en mi majeur Opus 10, de son quintette à cordes Opus 8, de son octuor à cordes Opus 17, ainsi que de sa troisième symphonie en la mineur Opus 15, et de l'ouverture «Im Hochland», Opus 14. En parallèle, il continue cependant à composer certaines œuvres plus nordiques comme la cantate Comala et les esquisses d'un opéra «Siegfried und Brünhilde» (avant que Wagner ne se lance sur le sujet). À la mort de Mendelssohn, Gade qui - à côté de son activité de compositeur - s'est vite imposé comme chef d'orchestre, prend sa succession à la tête de l'orchestre du Gewandhaus.
À la suite du déclenchement de la guerre dano-allemande de 1848, Gade retourne au Danemark et y assure désormais la direction de l’orchestre et des chœurs de la Société musicale de Copenhague (Musikforeningen), poste qu'il occupe jusqu'à sa mort quarante ans plus tard. Il ne reviendra à Leipzig diriger l'orchestre du Gewandhaus que brièvement pour une saison en 1852. A Copenhague, il régénère l'orchestre et les chœurs de l'association tout en travaillant comme organiste dans l'église de Holmen. Tout le répertoire classique est joué, de la Passion selon saint-Mathieu de Bach aux symphonies de Beethoven, Mendelssohn ou Schumann. Il mettra au programme aussi de nombreuses œuvres contemporaines. Gade était un chef d'orchestre énergique et intelligent, mettant en évidence les moindres détails mais aussi la construction d'ensemble.
En tant que chef d'orchestre, il fera de nombreuses tournées en Allemagne, en Angleterre ou en Hollande le plus souvent pour diriger ses propres œuvres.
Niels Gade avait épousé la fille du compositeur danois Johann Peter Emilius Hartmann et avait pour beaux-frères Emil Hartmann et August Winding. Il aura une forte influence sur la formation de ces derniers et de plusieurs autres jeunes compositeurs scandinaves, en ce compris Edvard Grieg. Même si ce dernier se rebellera un temps contre l'approche classique «de Leipzig» défendue par son aîné, il exprimera cependant plus tard son admiration pour celui-ci et reconnaîtra sa dette à son endroit. On trouve dans plusieurs de ses œuvres de jeunesse, notamment dans sa sonate pour piano, une influence directe de Gade.
En 1867, Gade fondera avec Hartmann le Conservatoire royal de musique de Copenhague, inspiré par celui de Leipzig.
Dans ses compositions, Gade développe lors de son retour à Copenhague un ton nouveau qu'on a pu caractériser comme plus danois, notamment dans sa quatrième symphonie en si bémol majeur de 1850, dans sa Fantaisie de printemps de 1852, pour célébrer ses fiançailles avec Sophie Hartmann, ou dans sa cantate Elverskud de 1853. Ces œuvres rayonnent de bonheur et restent parmi ses compositions les plus populaires. L'idéal de Gade est devenu un idéal classique d'équilibre et d'harmonie. En ce sens, la perfection de la composition, depuis la forme jusqu'aux moindres détails de l'orchestration a été unanimement admirée.
Ses créations ultérieures sont fortement influencées par son activité à la Musikforening et consistent en grande partie de cantates pour soli, choeur et orchestre, souvent de grand format. On peut citer par exemple les cantates Les Croisés de 1865, Kalanus de 1869, Zion de 1874, ou Psyche de 1882. A côté, il compose aussi des cantates plus brèves comme Frühlingsbotschaft, Die Heilige Nacht, Gefion, Ved Solnedgang ou Der Strom (d'après Goethe). Il compose de même ses quatre dernières symphonies, dont la cinquième avec piano obligatoire, dédiée à sa jeune épouse, et la sixième plus sombre en sol mineur, après le décès inopiné de celle-ci, en mettant au monde des jumeaux. La tragédie de ce décès marque d’autres œuvres plus douloureuses de cette époque comme la cantate Le rêve de Baldur. La huitième symphonie en si mineur de 1871 renoue avec le style plus «nordique» de sa première symphonie. Par respect pour Beethoven, Gade se refusera à écrire une neuvième symphonie. Il composera cependant des ouvertures comme Hamlet (1861), Michelangelo (1861), deux ravissants opus de novelettes pour orchestre à cordes, une suite En Sommerdag paa landet (Un jour d'été à la campagne), un concerto pour violon dédié à son ami Joseph Joachim (1880), et une suite Holbergiana (1884, pour commémorer le bicentenaire de la naissance du grand écrivain Ludvig Holberg; Johan Peter Emilius Hartmann et Edvard Grieg écriront aussi des œuvres pour cette occasion). On peut encore citer ses œuvres de musique de chambre, tels que le trio à clavier et les novelettes pour trio à clavier, le sextuor à cordes, des quatuors à cordes, sans oublier les sonates pour piano et violon. Dans l'ensemble, son œuvre offre une transition importante entre la génération de Schumann et Mendelssohn et celle de Brahms.
Après une éclipse momentanée, l’œuvre de Gade est de nos jours de nouveau régulièrement jouée et enregistrée. Une édition complète de celle-ci est en voie de réalisation. Plusieurs articles, livres et ouvrages lui ont été consacrés, notamment le catalogue de ses œuvres, l’édition de sa correspondance et une biographie nouvelle et approfondie.
Au décès de Gade, une statue à son effigie de Vilhelm Bissen sera érigée à Copenhague. L'importance de Gade dans la vie musicale danoise est unique. Comme son idole Félix Mendelssohn, il aura joué un rôle de premier plan tant en tant que compositeur de réputation internationale, en tant que chef d'orchestre qui a dominé la vie musicale danoise pendant quarante ans, et en tant que pédagogue et notamment fondateur et directeur du Conservatoire de Copenhague. Son tempérament se caractérisait par une certaine bonhomie bienveillante ainsi qu'une force de travail peu commune, mais aussi souvent par des opinions arrêtées, dont il ne voulait se départir. Curieusement, un de ses points de friction avec de jeunes compositeurs tels que Grieg portait sur sa réticence face à une orientation musicale trop "nationale", à laquelle il préférait une approche plus classique et universelle, et ce alors que dans sa jeunesse, il avait lui-même cultivé les couleurs nordiques dans ses propres compositions (et n'y avait renoncé partiellement que sur les conseils de Schumann).
Le fils de Niels Gade, Axel Gade (1860-1921) est aussi devenu compositeur ainsi qu'un violoniste réputé. Son petit-fils Niels-Rudolph Gade (1884-1937) était également organiste et compositeur.
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