Né le 14 décembre 1897 à Paris (France) - décédé le 15 octobre 1984 à Draguignan (France)
Georges Thill est un ténor français.
Fils d’un éditeur parisien, Georges Thill commence par travailler à la Bourse ; il chante pour son plaisir et celui de ses amis sans songer à une carrière lyrique. En 1916, il est mobilisé alors qu’il n’a que 19 ans ; il terminera la Première Guerre Mondiale comme pilote dans l’aviation. En 1919, Georges Thill commence ses études de chant au Conservatoire de Paris où un de ses oncles l’avait poussé à présenter sa candidature. « Deux années négatives, dira-t-il plus tard, sanctionnées par un pauvre second accessit ! ». En 1921, sur le conseil d’un de ses camarades, le ténor Mario Podesta (1892-1976), Georges Thill quitte le Conservatoire de Paris pour aller travailler à Naples avec Fernando De Lucia (1860-1925) passé maître dans l’art du « legato » et des « diminuendi ». Cet artiste à la réputation mythique enseigne selon la grande tradition du bel canto du début du XIXème siècle. Les deux années qu’il passe à Naples seront déterminantes dans la formation du jeune chanteur.
En février 1924, Thill fait ses débuts à l’Opéra de Paris dans le rôle de Nicias dans Thaïs de Massenet. C’est le début d’une carrière éblouissante qui le voit assumer les plus grands rôles du répertoire français et italien. Thill devient le ténor emblématique de l’Opéra de Paris où il donnera 77 représentations en 1926. Il chante Verdi, Puccini, mais aussi Gluck, Meyerbeer ou Saint-Saëns ; il aborde aussi Wagner avec Lohengrin, Tannhäuser et Parsifal. Ce rythme effréné ne semble pas nuire à l’exceptionnelle santé vocale du chanteur qui se produit en même temps à l’Opéra-Comique où il fait ses débuts en 1928, en Don José dans Carmen avant d’interpréter Werther de Massenet et de chanter Gérald dans Lakmé de Léo Delibes.
Cette même année 1928, George Thill participe à la première française de la Turandot de Puccini où il tient le rôle de Calaf, qu’il rejouera presque aussitôt aux Arènes de Vérone, et à la Scala où il doit se mesurer à des « concurrents » comme Giacomo Lauri-Volpi (1892-1979) ou Aureliano Pertile (1885-1952), surnommé le « ténor de Toscanini ». Thill participera à de nombreuses premières mondiales parmi lesquelles on peut citer Vercingétorix de Joseph Canteloube en 1933. Une telle boulimie de travail s’explique en partie par une grande facilité à déchiffrer : cette précieuse qualité permet à Thill de multiplier ses rôles sur les plus grandes scènes mondiales. En 1929, l’infatigable ténor débute à l’Opéra de Monte-Carlo et au prestigieux Teatro Colon de Buenos Aires où il n’hésitera pas à chanter un ouvrage aussi rare que Fra Gherardo d’Ildebrando Pizzeti.
Thill semble avoir une prédilection pour l’Amérique Latine où il se produit régulièrement jusqu’en 1938. Cela ne l’empêche pas d’être présent sur la scène du Metropolitan Opera pendant deux saisons, en 1930 et en 1931. Puis, il se fait acclamer à l’Opéra de Vienne dans Carmen, Samson et Dalila de Saint-Saëns et Paillasse de Leoncavallo. Ses nombreuses tournées l’entraînent jusqu’en Union Soviétique au cours de l’année 1936.
En 1934, Georges Thill fait ses premiers pas au cinéma avec Chansons de Paris de Jacques de Baroncelli, suivi de Aux portes de Paris de Charles Barrois. En 1938, il tourne Louise d’Abel Gance tiré de l’opéra homonyme de Gustave Charpentier, avec Grace Moore dans le rôle-titre. Parallèlement à ces trois films, le chanteur enregistre ses meilleurs disques dont l’intégrale du Werther de Massenet. Ces enregistrements réalisés pour Columbia/EMI sont aujourd’hui encore des références.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, Georges Thill refuse de se produire à l’Opéra de Paris où il chante pour la dernière fois dans Samson et Dalila en décembre 1940 ; il n’a que 43 ans. Il fera ses adieux définitifs à la scène à l’Opéra-Comique en 1953 dans le rôle de Canio de Paillasse. On pourra l’entendre une dernière fois, en concert, au Châtelet en 1956. Georges Thill se retire ensuite à Lorgues, dans le Var, et il s’éteint à Draguignan, le 15 octobre 1984. Il allait avoir 87 ans.
Georges Thill est considéré comme l’un des plus grands ténors français du XXème siècle. Son exceptionnelle renommée est pleinement justifiée par la beauté de son timbre, l’élégance de son phrasé et le naturel de son émission. Il faut aussi souligner la clarté de ses aigus d’une facilité et d’une luminosité étonnantes et son art de la projection du texte qui fait de lui un tragédien de grand talent. Si la carrière de Georges Thill a été des plus brillantes elle a aussi été relativement courte. La beauté naturelle de sa voix et son excellente technique lui permettaient de mener de front des rôles aussi variés qu’exigeants.
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