Incarnant l’essence de l’acte musical de l’Academy [of Saint Martin in the Fields] », Iona Brown a « embrassé le mouvement romantique avec chaleur et passion […] Elle a inspiré plusieurs générations de musiciens d’orchestre même si la haute tenue de ses exigences techniques et musicales a brisé quelques esprits et sa personnalité vibrante a déchiré quelques cœurs.» C’est ainsi que dans The Guardian, Neville Marriner rendait hommage à cette grande dame du violon qui s’est éteinte le 5 juin, des suites d’une longue maladie.
Née à Salisbury le 7 janvier 1941 dans une famille de musiciens – un père pianiste et organiste spécialiste de Bach et une mère violoniste au sein de l’Orchestre symphonique de Bournemouth – Iona Brown suit l’enseignement de l’Ecole de la Cathédrale de Salisbury. Parmi ses professeurs de violon figurent Hugh Maguire à Londres, Remy Principe à Rome et Henryk Szeryng à Paris.
Très tôt, elle aborde l’orchestre, initialement au sein du National Youth Orchestra, de 1955 à 1960. Elle joue ensuite dans l’orchestre du Ballet Rambert, puis au Philharmonia Orchestra sous la direction de Klemperer de 1963 à 1966 avant d’intégrer l’Academy of St Martin in the Fields en 1964. Dix ans plus tard, elle succède à Neville Marriner, le fondateur de cet ensemble, en en prenant la direction orchestrale.
Iona Brown est une des rares femmes à s’être imposée sur le podium du chef d’orchestre, un univers essentiellement masculin. Habitée d’une autorité naturelle, elle savait exiger discipline, tempérament.
Un tournant marquant tant dans sa carrière que sur la scène musicale anglaise survient en 1980 quand elle quitte la direction de l’Academy of St Martin in the Fields. En 1981, Rostropovitch lui propose de prendre la direction musicale de l’Orchestre de chambre de Norvège. En 1985, elle devient chef invité du City of Birmingham Symphony Orchestra et deux ans plus tard, elle prend la direction musicale de l’Orchestre de chambre de Los Angeles. Elle s’est également produite à la tête de l’Orchestre symphonique de Hallé et de celui de San Francisco.
Iona Brown laisse une importante discographie tant comme chef que comme soliste, avec notamment le Concerto pour violon de Beethoven, les Quatre saisons de Vivaldi, The Lark ascending de Vaughan Williams. C’est en 1998 qu’elle joue pour la dernière fois du violon en public. Sa santé n’était pas très bonne. Elle souffrait d’arthrite. Un an plus tard, elle vendait son Stradivarius, le « Booth », de 1716.
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