Commentaire :
Né le 25 mars 1881 à Nagyszentmiklós (Autriche-Hongrie; aujourd'hui Sânnicolau Mare en Roumanie) - mort le 26 septembre 1945 à New York (USA)
Belà Bartok est un compositeur et pianiste hongrois.
Son père est directeur de l'école d'agriculture et joue du violoncelle. Il anime un orchestre amateur qui joue dans les cafés des environs. Il compose des morceaux populaires. Sa mère, institutrice, n'enseigne plus depuis son mariage et joue du piano.
Belà Bartók prend ses premières leçons de piano avec sa mère qui reprend son métier d'institutrice dans le nord de la Hongrie à Nagyszöllös (aujourd'hui Vinogradov en Ukraine), après le décès de son mari en 1888. Sa sœur Irma s'occupe des enfants, Elza et Belà.
En 1892, il se produit pour la première fois en public, dans un concert de bienfaisance de l'école qui emploie sa mère. Il joue la Sonate Waldstein de Beethoven et une de ses compositions évoquant le Danube.
Il suit sa scolarité à Nagyvárad. Le maître de chapelle et compositeur Férenc Kersch (1853-1910) est son professeur de musique.
En 1894, la famille déménage à Pozsony, ville universitaire, où Bartók suit les cours de musique avec László Erkel (1844-1896), puis avec Hyrtl. Il se lie d'amitié avec Ernő von Dohnányi qui jouit d'une certaine popularité à Pozsony.
En 1896, après le départ de Dohnányi au Conservatoire de Budapest, il tient l'orgue de la chapelle du lycée.
Les études achevées, il donne des cours particuliers de piano.
Il se présente au concours d'entrée du Conservatoire de Vienne, ou il fait sensation. Mais en fin de compte, il choisit de s'inscrire à celui de Budapest.
En octobre 1901, il donne son premier concert au Conservatoire avec la Sonate en si mineur de Liszt.
Ses premières compositions ne reçoivent pas les encouragements des ses professeurs pétris d'esthétique allemande, János Koessler (1853-1926) et István Thomán (1862-1941).
Il affirme un sentiment patriotique (mais antinationaliste) contre l'emprise de la culture allemande qui colonise la Hongrie. Il fréquente les Aranyi, famille de musiciens qui affichent leur goût pour la culture française. Bartók dédie à leur fille Jelly, violoniste, dont il est épris, ses deux sonates pour violon et piano.
En 1902, il fréquente le salon d'Emma Grüber, future épouse de Zoltán Kodály. Pianiste apprécié, il devient la coqueluche des milieux nationalistes de la bonne société de Budapest et enseigne à de nombreux élèves.
La même année il est enthousiasmé par Ainsi Parlait Zarathoustra de Richard Strauss. Ses études au Conservatoire s'achèvent en 1903, il est dispensé de passer les examens.
Il rencontre Kodály chez Madame Grüber en 1904.
Il se remet à la composition d'œuvres à caractère musical et politique, hongrois, sous le jugement ambigu du milieu du Conservatoire et de son ami Dohnányi.
Avec la Symphonie Kossuth, Bartók devient célèbre du jour au lendemain. Janós Richter, qui dirige les concerts du Hallé Orchestra à Manchester, désire mettre l'œuvre à son programme et souhaite la présence de Bartók. La création au Conservatoire crée un scandale, elle ne sera jamais rejouée du vivant du compositeur.
Il séjourne à Paris pour y présenter ses œuvres au concours d'interprétation et de composition Anton Rubinstein. La ville l'impressionne au plus haut point. Il échoue au concours et dit bien haut son amertume. Mais le public lui fait un bon accueil.
Rentré en Hongrie, il prend des distances avec la religion.
En 1905, il décide avec Kodály, qui a déjà commencé les explorations, de recueillir les chants folkloriques de Hongrie.
Après avoir parcouru la Grande Plaine et la haute Hongrie, ils publient en 1906 Vingt chansons paysannes hongroises.
Après une tournée en Espagne et au Portugal où il accompagne un jeune prodige du violon, Férenc Vecsey, il est nommé en 1907 professeur de piano à l'Académie Liszt, en succession à István Thomán, son ancien professeur.
Kodály est nommé l'année suivante professeur de composition en remplacement de Koessler.
Il se marie discrètement avec Martha Ziegler, la fille d'un inspecteur de police futur général.
Les Bartók sont à Paris en 1909. Le séjour n'est pas favorable. Rentré en 1910 à Budapest, il provoque un nouveau scandale avec son Allegro Barabaro. Mais sa musique est jouée dans de nombreuses salles européennes.
Son opéra, Le Château de Barbe-Bleue, sur un livret de Béla Balazs, primitivement projeté par Kodály est déclaré injouable et condamné avant d'être représenté.
Il voyage en Hongrie et en Roumanie. Il tente en vain d'organiser des concerts folkloriques de paysans.
En 1912, il voyage avec sa femme en Allemagne, en Suède et en Norvège. En 1913 il est en Afrique du Nord, puis en Suisse.
De retour en Hongrie, il crée les Quatre pièces pour orchestre qui sont bien accueillies.
À la veille de la Première Guerre mondiale, il est de nouveau en France et visite la Normandie. Il fait une « tournée folklorique » en 1915, et achève son ballet Le Prince de bois sur un livret de Balazs. Monté dans une avalanche de difficultés, l'opéra est un triomphe.
Le Château de Barbe bleu est créé en 1918.
La même année il achève le Mandarin merveilleux sur un livret de Melchior Lengyel (Balazs, militant d'extrême gauche est en fuite). Cette Pantomime ne sera correctement montée qu'en 1956 à l'Opéra de Budapest.
Après la guerre un mouvement révolutionnaire, inspiré par la révolution soviétique est animé par Béla Kun. Bartók, Kodály et Dohnányi sont promus ou proposés à des postes officiels. Bartók accepte la direction d'une section folklorique.
Le nouveau régime est écrasé par les troupes de l'amiral Horthy soutenues par l'armée roumaine.
Le 14 novembre 1919, Moklós Horthy accède à une « régence sans roi » à vie et impose un régime dictatorial jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais Bartók, Kodály et Dohnányi ne sont pas sérieusement inquiétés.
Bartók continue à enseigner au Conservatoire. Il commence à être estimé par l'élite musicale européenne. « Les Six » français, le mettent à leur programme de concert en 1919.
En 1921, son quarantième anniversaire est marqué par la presse viennoise : les « Musikalblätter » éditent un numéro spécial, pour lequel il rédige une courte autobiographie.
Pendant une dizaine d'années, il effectue de nombreux voyages en Europe et aux États-Unis. En mars 1922 il est à Londres. Il y reçoit un très bon accueil. Il a retrouvé la violoniste Jelly d'Arianyi, un amour de jeunesse, pour laquelle il compose deux sonates pour violon et piano qu'ils interprètent.
En avril il est à Paris, où il est enfin célébré, pour un concert organisé par « La Revue musicale ». Il rencontre Ravel, Stravinsky, Szymanowsky, Satie, Poulenc, Auric, etc.
En 1923 il divorce, puis se remarie avec la pianiste Ditta Paztory.
En 1925, sa Suite de danses, inspirée de nombreux folklores, composée pour l'anniversaire de la Réunion de Buda et de Pest, provoque des controverses nationalistes en Hongrie, mais elle reçoit un grand succès en Europe.
En 1927, son Premier Concerto pour piano fait un triomphe à Francfort, où il tient le piano sous la direction de Furtwängler. La même année, il est invité aux États-Unis où son Troisième Quatuor à cordes a obtenu le Prix de la Musical Fund Society de Philadelphie.
Ce séjour est décevant pour les Américains qui ne voient pas en lui le musicien intrépide qu'ils attendaient, et ne peuvent entendre, pour une question d'oubli de partitions, le programme prévu. L'année suivante, son Premier Concerto, dirigé par Fritz Reiner à la tête du Cincinatti Orchestra ne remportera pas les suffrages.
De passage au Brésil, il rencontre Villa-Lobos qui lui manifeste une grande admiration.
En 1929, il entreprend une tournée en Union Soviétique. En 1930, il est honoré de la Légion d'honneur, et son livre sur la musique populaire hongroise est traduit en anglais.
Il fait partie des personnalités du monde des arts, et participe à des congrès et des cénacles internationaux.
En 1932, à Paris (salle Pleyel), Pierre Monteux dirige le Premier Concerto pour piano qui fait sensation. La même année, il participe à un congrès au Caire, et profite de l'occasion pour étudier la musique irakienne et arabe.
À la demande de Paul Sacher, il compose la Musique pour cordes, percussions et célesta en 1936 qui fait un triomphe à Bâle. Il enchaîne, en créant, avec son épouse Ditta, en 1938, la Sonate pour deux pianos et percussions.
Bela Bartók est farouchement opposé au nazisme rallié par Horthy, qui promulgue des lois raciales. Il rompt avec la maison d'édition Unversal qui a été nazifiée en 1936 pour passer contrat avec Bossey and Hawkes. Il demande qu'aucune de ses œuvres ne paraisse avec un titre ou des annotations en allemand. Il demande à ce que ses œuvres soient exposées à l'invraisemblable et de triste mémoire exposition sur la musique dégénérée à Düsseldorf. Il interdit que ses œuvres soient jouées dans des concerts ayant un rapport avec les nazis, et qu'aucune rue ou place ou monument de porte son nom tant qu'il y aura une rue au nom de Hitler ou de Mussolini.
En 1938, il compose pour Benny Goodman et Joseph Szigeti la Rhapsodie (Contrastes) pour clarinette, violon et piano qui aura un immense succès dès sa création en 1940.
Pendant un séjour en Suisse, il apprend le décès de sa mère, il revient précipitamment à Budapest, puis il prépare son départ pour les États-Unis. Il met ses papiers en sécurité, met à l'abri, dans les caves de ses amis, les cylindres sur lesquels sont gravés les chants folkloriques, envoie ses meubles à sa sœur Elza.
Il refuse une place de professeur de composition à la Curtis University, mais accepte de fonder une section folklorique à la Columbia University. Après un concert d'adieu à Budapest le 8 octobre 1940, Béla et Ditta Bartók quittent la Hongrie après un court passage en Suisse, d'où leur exode est organisé, notamment pas Paul Sacher. Sur le Bateau ils font la connaissance de Paderewsky qui fuit la Pologne.
Ils arrivent à New York le 29 octobre 1940. L'un des fils de Bartôk, Béla sert le régime nazi sous l'uniforme Hongrois. Son autre Fils Peter sera volontaire dans l'armée américaine.
Le 25 octobre 1940, Béla Bartók reçoit le titre de docteur honoris causa de l'université de Columbia. Ils habitent d'abord au centre de New York, puis à Forest Hill, puis emménagent dans une petite maison.
Il s'attaque à la transcription de la collection de 2 500 disques enregistrés par Milma Parry en Yougoslavie.
Le séjour n'est pas heureux, ses concerts et ceux de Ditta ne sont pas appréciés, la maison Baldwin qui pensait se faire une bonne publicité en leur prêtant deux pianos en reprend un, les privant de pouvoir travailler à deux pianos.
Sa bourse de la Columbia Univesrsity est maigre, il refuse d'enseigner la composition malgré des propositions bien rémunérées. Les maisons d'édition on suspendu leurs versements à cause de la guerre. Surtout il ne s'adapte pas à la vie américaine, il n'aime pas le pays.
En 1942, il retrouve son fils Peter. Il ressent les premiers symptômes de la leucémie qu'on lui cachera jusqu'à sa mort.
Le 1er janvier 1943 il perd sa situation à la Columbia University, mais a en vue un nouvel emploi à l'université de Washington. La création du Concerto pour deux pianos est un échec.
Faute de moyens financiers, les Bartók regagnent le centre de New York. Des amis notamment Joseph Szigeti et Reiner, tentent de les aider, Bartók refuse leur aide. C'est la Société des auteurs américains qui prend les soins médicaux en charge. On lui offre un séjour de repos au cours duquel il rencontre Serge Koussevitsky, le chef du Boston Symphonie Orchestra, qui lui commande une œuvre (sous la pression de Reiner et de Szigeti) et lui paie 500 dollars d'avance. La générale du Concerto pour orchestre a lieu le 1er décembre 1944 à Boston.
À la fin de l'année 1944, la maladie est en rémission, Reiner et Szigeti ont remué ciel et terre, et Bartók reçoit des subsides officiels, des droits d'auteur, un nouveau contrat de six mois de la Columbia University.
Il compose une Sonate pour violon dédiée à Yehudi Menuhin. Créée le 26 septembre 1944 à New York, elle est un triomphe public, mais la presse est hostile.
Il reçoit des commandes, mais Ditta est très malade, et lui très faible à nouveau. Il fait le brouillon du Concerto pour alto, commandé par William Primrose. Il compose le Troisième Concerto pour piano, mais le 22 septembre 1945, alors qu'il lui reste 17 mesures à achever, il est admis aux urgences de l'hôpital de Westside. Il meurt le 26 septembre.
[Sources : Musicologie.org] |