Commentaire :
Né le 14 juin 1763 à Mendorf (près d'Altmannstein, Bavière, Allemagne) - mort le 2 décembre 1845 à Bergame (Italie)
Johann Simon, dit Giovanni Simone, Mayr est un compositeur italien d'origine allemande
Longtemps oublié, son œuvre est aujourd'hui considéré comme un chaînon significatif entre la tradition de l'opéra italien incarnée par Giovanni Paisiello et le bel canto romantique de Gioachino Rossini. Il a en outre contribué à introduire dans la musique italienne certains des apports de la musique germanique, notamment la science de l'harmonie et une attention accrue portée à l'orchestration.
Né en Bavière, Mayr était le deuxième des cinq enfants d'un organiste et maître d'école de village, Joseph Mayr (1738-1807), et de sa femme Maria Anna Prantmayer, fille d'un brasseur d'Augsbourg.
Son père lui donna ses premières leçons de musique, discipline pour laquelle il montra des dispositions précoces : à sept ans, il savait chanter à vue et à neuf il était déjà un pianiste confirmé, exécutant notamment les œuvres de Johann Schobert. Très jeune, il commença à composer des lieder et devint membre du chœur de l'église où son père tenait l'orgue. Il poursuivit l'étude de la musique très largement en autodidacte, apprenant lui-même à jouer de divers instruments à cordes et à vent.
En 1769, on l'envoya parfaire sa formation au monastère bénédictin de Weltenbourg. Il en sortit en 1774 pour entrer comme boursier chez les Jésuites d'Ingolstadt où il fit ses humanités en grammaire et en philosophie.
Grâce à la protection du baron Thomas Maria de Bassus, il fut admis à l'université d'Ingolstadt en 1777 et inscrit successivement en rhétorique et logique (1778-1779), en médecine (1780-1784) et enfin en droit (1784-1785). Le baron de Bassus l'aurait employé comme professeur de musique dans son château de Sandersdorf1, et il gagnait également sa vie en tenant l'orgue dans une église. En 1786, il publia à Ratisbonne un recueil de 12 lieder (Lieder bei dem Clavier zu singen).
Certains auteurs soutiennent que, pendant ses études à Ingolstadt, Mayr fut en relations étroites avec les Illuminés de Bavière fondés par Adam Weishaupt et le baron de Bassus, dont les doctrines, tout comme les idéaux des Lumières dont elles sont inspirées, eurent une influence sur le développement de sa carrière musicale. Mayr aurait été affilié aux Illuminati sous le nom d'Aristotile et aurait également été franc-maçon.
Après avoir quitté l'université, Mayr aurait tenu l'orgue de l'église des Augustiniens d'Ingolstadt, puis de la cathédrale en 1787. En 1787, il se rendit en Italie pour compléter sa formation musicale. Il aurait suivi le baron de Bassus qui, après le séquestre de ses biens en Bavière, était allé s'installer en Suisse dans le canton des Grisons, à Poschiavo et, de là, serait passé en Valteline. En septembre 1787, il composa une messe et des vêpres pour la fête annuelle du sanctuaire de Tirano en Lombardie.
À Bergame, il étudia auprès de Carlo Lenzi avant d'aller à Venise en 1790, grâce à la protection du chanoine-comte Pesenti, pour étudier auprès de Ferdinando Bertoni, maître de chapelle de la Basilique Saint-Marc, composant essentiellement de la musique religieuse, notamment des oratorios pour l'Hôpital des Mendicati, dont le premier s'intitule Jakob a Labano fugiens.
À Venise, Mayr fit la connaissance de Piccinni, revenu dans la cité des Doges en 1793, et de Peter von Winter, qui l'encouragèrent à écrire pour la scène lyrique. C'est à la Fenice – où l'on pense qu'il devait jouer dans l'orchestre, peut-être comme violoniste – qu'il produisit son premier opéra, Saffo (1794). Son deuxième ouvrage, Lodoïska (1796), sur un sujet déjà traité par Cherubini, remporta un succès honorable, et son premier opera buffa, Un pazzo ne fa cento, la même année, lui apporta la reconnaissance. Il eut son premier véritable triomphe avec Ginevra di Scozia, donné en 1801 à Trieste.
Bientôt, ses opéras furent représentés dans toute l'Italie et dans toute l'Europe. Il reçut des commandes de Milan, de Rome, de Florence, de Naples et de nombreux autres théâtres italiens, et ses ouvrages furent donnés à Paris, Vienne, Londres, Dresde et Berlin. Il composa quelque soixante-dix opéras dont plusieurs eurent du succès. Le plus célèbre reste Medea in Corinto créé au Teatro San Carlo de Naples en 1813.
En 1803, il succéda à son maître Lenzi comme maître de chapelle de la Basilique Santa Maria Maggiore de Bergame, fonction qu'il devait conserver jusqu'à sa mort, déclinant toutes les propositions qui lui furent faites pour aller occuper d'autres postes plus prestigieux qu'on lui offrit à Vienne, Saint-Pétersbourg, Lisbonne, Londres, ainsi qu'à Milan, Novare, Dresde et à Paris à la cour de Napoléon Ier.
Cette stabilité fit de lui le personnage central de la vie musicale de Bergame, qui était particulièrement riche. Il y organisa des concerts, faisant notamment connaître la musique de Haydn, Mozart et Beethoven et fonda en 1805 les célèbres « Leçons charitables de musique » (Lezioni caritatevoli di musica) qui permettaient de former douze jeunes gens issus de familles pauvres. Elles permirent de découvrir le talent du jeune Gaetano Donizetti, qui lui resta toujours fidèle et ne cessa de reconnaître sa dette vis-à-vis de son ancien professeur. Ainsi, en 1840, lorsque la ville de Bergame lui rendit hommage en donnant une représentation de L'esule di Roma, Donizetti insista pour prendre Mayr dans sa loge afin que son vieux maître reçût sa part des applaudissements.
En 1809, Mayr fonda le « Pieux institut musical » (Pio istituto musicale), une institution charitable de secours aux musiciens nécessiteux et à leurs familles. En 1822, il participa à la création de l'Union philharmonique (Unione filarmonica), association de musiciens professionnels et amateurs et, en 1823, il fut élu président de l’Ateneo di scienze, lettere ed arti (Académie des sciences, lettres et arts de Bergame), poste qu'il occupa pendant une dizaine d'années.
Avec l'avènement de Rossini, les compositeurs d'opéras de la génération de Mayr se trouvèrent brutalement éclipsés. Mayr se détourna progressivement de la scène lyrique pour se consacrer à nouveau à la musique sacrée, et davantage à l'enseignement, d'autant plus qu'atteint de cataracte, il vit sa vue décliner à partir de 1822. Après une opération ratée, il devint complètement aveugle en 1826. Il avait donné son dernier opéra, Demetrio, en 1824. Il rendit une visite à sa sœur en Bavière en 1838 après quoi il ne quitta plus Bergame.
Il mourut d'une attaque à l'âge de 82 ans et est enterré dans la Basilique de Bergame, à peu de distance de son élève Donizetti.
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