CASTRO (de) Jean


Nom : CASTRO (de)
Prénom : Jean
Nationalité : Belge
Date de naissance : 1540 ?
Date de mort : 1600 ?
Commentaire :
Né vers 1540, probablement à Liège (Belgique) - mort après 1600, probablement à Cologne (Allemagne)

Jean de Castro est un compositeur de l'école franco-flamande et maître de chapelle belge.
Encore qu’on n’en ait aucune preuve formelle, il est très probable que Castro soit né à Liège. De son éducation musicale, rien n’est connu ; sans doute a-t-il été formé dans une des maîtrises locales.

Dans les années 1560, Castro se déplace à Anvers, ville très opulente, siège d’un commerce international et maritime très développé, et où nombre de comptoirs marchands ont été établis par les « nations » étrangères. La vie artistique y est très développée, soutenue par des notables belges ou étrangers, et plusieurs imprimeurs de musique y travaillent, ce qui est pour un compositeur la garantie d’une diffusion facile de ses œuvres.

C’est là qu’en 1569 paraît le premier volume de musique à son nom, Il primo libro de madrigali, canzoni e motetti a tre voci, offert à Giovanni Giacomo Fiesco, un notable appartenant à la nation génoise d’Anvers, banquier et financier occasionnel de l’empereur Philippe II (roi d'Espagne), et l’un des marchands génois les mieux établis. Cette première dédicace montre que Castro avait su s’attirer l’attention et les faveurs de notables fortunés, ce qu’il ne cessera de faire tout au long de sa carrière.

C'est à cette époque que Castro rencontre Justinien Pense, fils d'un marchand lyonnais établi à Anvers. Il lui offre un beau manuscrit de ses œuvres copié par le copiste Jean Pollet, rédigé vers 15714. Il lui dédie également un livre de chansons à trois parties imprimé en 1575.

Pendant son séjour anversois, et sans disposer d’aucune charge officielle, Castro publie sept autres volumes de chansons françaises, de madrigaux ou de motets, la plupart chez la firme Phalèse (mais avec une exception en 1575 à Paris, chez Adrian Le Roy et Robert Ballard, ce qui montre qu’il a déjà reconnu hors des Anciens Pays-Bas), et offerts à des notables liégeois ou anversois avec des dédicaces signées d’Anvers.

En 1576, il sacrifie à la mouvance ronsardienne, avec ses Chansons, odes et sonetz de Pierre Ronsard, mises en musique à quatre à cinq et huit parties. Il suivait en cela de nombreux autres compositeurs séduits par les vers du poète français (Anthoine de Bertrand, Orlande de Lassus, Guillaume Boni, Pierre Cléreau, etc.). Parmi les 21 pièces de Ronsard qu’il y met en musique figure le fameux Bonjour mon cœur, pour lequel il reprend le thème traité auparavant par Lassus, en 1565. Le volume est dédicacé à François Le Fort, un marchand français établi à Anvers, consul de cette ville et maître de la Guilde des barbiers, dont Castro loue son intérêt pour la musique.

On ne trouve plus trace de Castro à Anvers après 1576. C’est peut-être le Sac d'Anvers (4-7 novembre 1576) qui le décide à partir pour se protéger, pour échapper au massacre perpétré par les soldats espagnols. Les Pays-Bas espagnols, déchirés par le conflit entre Catholiques et Protestants et opprimés par la couronne d’Espagne, étaient alors un terre peu sûre.

De 1577 à 1586 on trouve des traces éparses de son passage en Allemagne d’abord (probablement dans les cours du Palatinat, de Düsseldorf, de Cologne, où il aurait pu nouer des contacts...), puis à Lyon et à Paris. À Lyon il retrouve d’abord Justinien Pense, déjà fréquenté à Anvers, mais la banqueroute qui menace la maison Pense l’incite à trouver un autre protecteur, en la personne du consul François de La Porte, un proche des Pense, à qui il dédie son livre de 1580.

Les années qui suivent sont mal documentées. Les deux livres qui paraissent en 1582 chez Phalèse et Bellère à Anvers ne contiennent ni dédicace ni aucune pièce nouvelle ; il s’agit probablement d’éditions piratées, alors qu’il était encore à l’étranger.

En 1585, Castro assiste à Düsseldorf aux noces du duc Johann Wilhelm de Jülich avec Jakoba von Baden, pour qui il compose un hyménée (ou épithalame) qui sera publié à Anvers en 1586 dans son Livre de chansons à cinq parties. L’ouvrage, dédié audit duc le 27 juin 1586, révèle son retour à Anvers, pacifiée depuis 1585 par les Espagnols sous le commandement d’Alexandre Farnèse (1545-1592). Il révèle également la protection du duc de Jülich, qui deux ans plus tard en 1588, le fait maître de chapelle de sa cour à Düsseldorf.

Le même volume contient trois autres hyménées, composés pour le mariage du marchand anversois David Scolier, du notable de Cologne Paul Stor, et du juriste bruxellois Louis Verreyken. Ces trois pièces montrent bien qu’il évoluait facilement parmi les notables de la région, sans doute recommandé par les uns pour aller composer ou chanter pour les autres.

Ce poste de maître de chapelle du duc est le premier et dernier emploi identifié de Jean de Castro et il lui permet de s’affranchir du mécénat privé. Il succède là à Martin Peudargent, devenu aveugle, peut-être déjà mort, qui avait été au service du duc durant une trentaine d’années. Castro publie cinq volumes durant son séjour à Düsseldorf mais, curieusement, tous sont dédiés à des notables de Cologne. Peut-être faut-il voir là la conséquence des maladies qui ont saisi le duc et des troubles qui ont déstabilisé sa cour, incitant le compositeur à se préparer des appuis à Cologne ?

La ville de Cologne était attrayante à ses yeux. Riche de sa vie musicale et intellectuelle, elle profitait du déclin économique d’Anvers consécutif au siège de la ville par les troupes d’Alexandre Farnèse en 1585. Plusieurs marchands, artisans et artistes s’étaient déplacés d’Anvers à Cologne, parmi eux Jean Polit, une relation de Castro datant de son premier séjour à Anvers.

Là encore, les dédicaces des volumes qu’il publie à cette époque reflètent le milieu dans lequel il évolue. Les Novae cantiones sacrae, quae vulgo motetta vocantur de 1588 sont offertes à Ernest de Bavière (1554-1612), prince-évêque de Liège depuis 1581 et archevêque de Cologne depuis 1583, amateur de peinture et de musique, et élève, en cette matière, d’Orlande de Lassus. Peut-être cette dédicace était-elle une invitation à l’engager, mais celle-ci ne fut pas couronnée de succès. En 1588 toujours, Castro dédicace un volume de madrigaux à Cesare Homodei, marchand d’origine milanaise établi à Anvers et, dès 1585, à Cologne. Celui-ci avait été, en 1583, dédicataire d’un recueil de madrigaux édité par André Pevernage et imprimé par Christophe Plantin, intitulé Harmonia celeste. De même, en 1588, d’un ouvrage de Jean Polit relatif à l’histoire de Liège. Enfin, les Rose fresche, madrigali novi... a tre voci parus à Venise en 1591 sont offerts à Herman von Wedich, consul de Cologne dont les affaires commerciales étaient liées à Venise.

Finalement, apparemment déçu par les possibilités offertes par Düsseldorf, Castro s’établit à Cologne. On peut supposer que c'est son ami Jean Polit, humaniste anversois connu depuis Anvers, qui lui ouvre les portes de la cour d’Ernest de Bavière, lui-même ayant déjà travaillé sous la protection de cet ecclésiastique. Castro ne dispose plus là d’un poste stable. Les volumes qu’il dédicace en 1593 à Ernest de Bavière, en 1596 à son coadjuteur (et futur successeur) Ferdinand de Bavière (1550-1608) et en 1599 encore à son conseiller Charles Billehé paraissent autant de tentatives infructueuses pour entrer dans sa chapelle, et force est pour lui de revenir au fonctionnement qui a été longtemps le sien, celui du mécénat privé.

C’est durant son séjour à Cologne que Castro a le plus publié : une grande quinzaine de volumes paraissent chez la firme anversoise Phalèse-Bellère ou à Cologne chez Gerhard Grevenbruch. Pour se faire publier à Anvers, il a pour intermédiaire l’imprimeur Jan Moretus, successeur de Plantin. À Cologne, il s’adresse à Gerhard Grevenbruch, à qui l’on doit le renouveau de l’édition musicale à Cologne à partir de 1583, et chez qui Castro est le compositeur le plus publié.

Pour ce qui est de ses mécènes privés, Castro s’adresse à trois reprises aux enfants du marchand anversois Gillis Hooftman, par l’intermédiaire de ses enfants Marguerite, Béatrice et Corneille (1592, 1592 et 1595), de qui il a probablement été le maître de musique. Leur père Gillis était un marchand et armateur d’envergure internationale, longtemps membre du conseil de la ville d’Anvers.

Pour le reste, ses protecteurs sont les frères Herman et Jean de Bourgogne, le marchand anversois Johannes Parmentier (établi à Cologne et Venise), les frères Arnoult, Jean et Barthélemy Pels, marchands anversois également établis à Cologne, Theodor von Wedich, chanoine de Saint-Gereon de Cologne et frère de Herman von Wedich, déjà dédicataire en 1591, enfin Marc’Antonio Gani. Sa production se partage entre des pièces profanes, essentiellement offertes aux notables (dont beaucoup sont d’origine anversoise, micro-société dans laquelle Castro a su se faire valoir avec efficacité), et des pièces sacrées, généralement offertes à l’entourage de la cour d’Ernest de Bavière.

La date du décès de Castro n’est pas connue avec certitude. Sa dernière dédicace est signée du 10 juillet 1599 et comme les volumes suivants (dès 1600) sont tous des rééditions sans dédicaces, on peut supposer qu’il est mort fin 1599 ou en 1600.
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