Commentaire :
Né le 9 octobre 1835 à Paris (France) - mort le 16 décembre 1921 à Alger (Algérie)
Charles Camille Saint-Saëns est un pianiste, organiste et compositeur français de l'époque romantique.
Camille Saint-Saëns est d’abord un enfant prodige. Élevé par sa mère et par sa tante, doté d’une santé fragile, Saint-Saëns donne son premier concert à la Salle Pleyel en 1846. Le jeune pianiste, à peine âgé de onze ans, y interprète un concerto de Mozart, pour lequel il avait composé sa propre cadence, et un concerto de Beethoven.
L’admiration du public est renforcée par le fait que Saint-Saëns joue de mémoire, contrairement aux habitudes des interprètes de cette époque. Se signalant au public français par ce coup d’éclat, le jeune garçon entame ensuite des études musicales, mais aussi littéraires.
Doté d’un esprit encyclopédique, Saint-Saëns entre en 1848 au Conservatoire de Paris, où il apprend l’orgue et la composition, mais il étudie également les lettres, les mathématiques, l’astronomie, la philosophie et l’histoire.
Il pourra ainsi parler d’archéologie gréco-latine (Notes sur les décors de théâtre dans l’Antiquité romaine), consacrer un livre à l’astronomie (Problèmes et mystères), écrire des vers et des comédies (La Crampe de l’écrivain), ou rédiger un certain nombre de livres sur la musique (Harmonie et mélodie, Portraits et souvenirs, École buissonnière…).
Mais c’est bien la musique qui occupe la plus grande partie de son temps. S’il n’obtient pas le prix de Rome, il devient vite célèbre grâce à des œuvres de jeunesse comme la Symphonie Urbs Roma (1854) ou le Quintette pour piano opus 14 (1854). Fréquentant le Paris musical, il devient l’ami de Berlioz, de Gounod, de Rossini ou de Liszt : celui-ci, l’ayant entendu improviser sur l’orgue de l’église de la Madeleine, à Paris, le considérait comme le plus grand organiste du monde.
La gloire de Saint-Saëns est donc immense dans les années 1860. Alors qu’il n’est pas encore âgé de trente ans, le musicien est partout fêté. Professeur de piano à l’École Niedermeyer de 1861 à 1865, il y est le maître de Gabriel Fauré, dont il deviendra l’ami.
Compositeur, il écrit des symphonies et ses premiers concertos pour piano et pour violon. Musicien engagé, il prend la défense de Wagner et de Liszt, dont il dirige les poèmes symphoniques pour la première fois en France, à un moment où ils étaient encore inconnus du public.
Dans les années 1870, Saint-Saëns est ainsi l’un des premiers compositeurs français qui compose des poèmes symphoniques, abordant l’un des genres majeurs du romantisme musical (Le Rouet d’Omphale, Phaéton, la Danse macabre). Influencé à cette époque par Mendelssohn, Schumann, Wagner et Liszt, et grand admirateur de Berlioz, Saint-Saëns apparaît comme l’héritier de l’école romantique.
Cependant, après la guerre de 1870 entre la France et la Prusse, les idées de Saint-Saëns changent peu à peu. Le musicien s’éloigne de Wagner, qui devient ensuite sa bête noire, et s’oriente vers la défense de la musique française et des musiciens classiques.
En 1871, il fonde, avec d’autres compositeurs, la Société Nationale de Musique, chargée de promouvoir les musiciens français. Parallèlement, il remet à l’honneur Bach, Haendel, et surtout Rameau, héros national, face à l’art allemand.
Le nationalisme de Saint-Saëns sera de plus en plus virulent à la fin du siècle et au début du XXème, tout comme sa défense de la musique traditionnelle contre les innovations des jeunes générations (Richard Strauss, Debussy, Dukas…). Contre les nouveautés qu’il ne comprend guère, il veut faire revivre des formes anciennes et conserver un style traditionnel. C’est le cas par exemple avec sa Suite pour le piano op. 90.
Il poursuit d’autre part sa carrière de compositeur et de pianiste, ce qui lui permet de devenir le musicien français le plus célèbre dans le monde. À côté de nombreuses pièces créées en France (comme son Septuor avec trompette en 1880 ou l’opéra Henry VIII en 1883), des œuvres importantes sont aussi créées à l’étranger : l’opéra Samson et Dalila, inspiré d’un épisode de la Bible, est joué pour la première fois à Weimar en 1877 ; la Symphonie n° 3 avec orgue est créée en 1886 à Londres. Saint-Saëns est particulièrement honoré en Angleterre, aux États-Unis et en Amérique du Sud. Il est tout aussi reconnu en France, où il cumule les distinctions honorifiques.
Infatigable, Saint-Saëns participe encore à des projets originaux dans les années 1890 et 1900. Tout en continuant à composer des pièces classiques (le Concerto pour piano n° 5, la Sonate pour violon et piano n° 2, la Sonate pour violoncelle et piano n° 2), il restaure des partitions de Lully et de Marc-Antoine Charpentier pour les comédies de Molière.
Il compose une partition pour l’Antigone de Sophocle à partir des vestiges de la musique grecque antique, il fonde un festival lyrique à Béziers, dans les arènes romaines, et il écrit des musiques de scène, destinées à accompagner une pièce de théâtre, comme Déjanire (1898) ou Parysatis (1904). Enfin, il est le premier grand compositeur qui écrit une musique de film, pour L’Assassinat du duc de Guise en 1908.
Jusqu’à sa mort en 1921, son temps se partage entre musique et voyages. En effet, pour des raisons de santé, il se rend régulièrement dans les pays chauds pendant une grande partie de l’année. Il découvre l’Algérie en 1888 - après la mort de sa mère - où il séjourne souvent par la suite, ainsi qu’en Égypte.
Le reste du temps, il vit à Paris et à Dieppe, en Normandie, où il s’est installé en 1890, lorsqu'il ne part pas en tournée.
C’est à Alger qu’il meurt en décembre 1921, quelques semaines après un dernier récital de piano donné à Dieppe en août 1921, pour célébrer ses 75 ans de carrière. Le gouvernement français organise alors des funérailles nationales pour l’un des derniers représentants de la musique du XIXe siècle, dont l’influence sur les compositeurs français, jusqu’à Maurice Ravel, aura été essentielle. |