Commentaire :
Né le 17 avril 1774 à Skutsch (Skuteč, Tchéquie) - mort le 3 avril 1850 à Prague (Tchéquie)
Václav Jan Křtitel Tomášek est un compositeur, pianiste et pédagogue bohémien
Le jeune Václav, dès l'âge de quatre ans, suit les cours de violon et de chant chez le maître de chœur de la ville voisine de Chrudim, Pavel Josef Wolf. À treize ans (1786), il est reçu au lycée et chante en tant qu'alto à l'école du couvent des frères mineurs à Iglau (alors autrichienne, aujourd'hui Jihlava). Il prend également des leçons d'orgue avec Donat Schuberth.
Il poursuit ses études au lycée à Prague où il arrive en 1790, âgé de seize ans, pour y rester toute sa vie. C'est l'époque où il s'essaye à ses premières compositions : danses hongroises (1791), menuets et valses (1794/1795), brûlés plus tard.
Cette même année, grâce à son frère Jacob, il assiste à une représentation de Don Giovanni de Mozart, créé à Prague trois ans plus tôt ; l'esprit de Mozart est partout. C'est pour lui une expérience importante qui excite son imagination et détermine fondamentalement la sensibilité musicale de sa vie.
Après son baccalauréat, à partir de 1794, il effectue les trois années études supérieures obligatoires, à la faculté de lettres et droit à l'université Charles-Ferdinand (philosophie, mathématiques, logique, histoire, esthétique), avant d'entamer son doctorat en droit en 1797 et assiste également à des conférences sur l'anatomie et la chirurgie.
En musique, il prend quelques leçons de Jan Ladislav Dussek, l'un des meilleurs musicien du temps. Gagnant sa vie en jouant dans des lieux publics, ses dons de pianiste lui valent sa première réputation dans les salons de la noblesse et ses premiers élèves. Sur ses temps de loisirs, il étudie le piano avec le Clavierschule (1789) de Türk et la composition avec les traités disponibles : ceux de Marpurg, Kirnberger, Mattheson, Löhlein et Fux.
En 1798, Tomášek entend Beethoven, de passage à Prague pour la seconde fois. Il assiste à deux concerts où Beethoven interprète ses deux premiers concertos pour piano et sa Sonate opus 2.
Il rencontre le musicien et le revoit en 1814 à Vienne. L'année suivante en mars, il entend Joseph Woelfl dans un de ses concertos et la fantaisie en fa mineur de Mozart, partition à quatre mains devant les yeux, jouant le tout à deux mains.
En 1801, il travaille la composition avec Vogler de passage à Prague à l'invitation de l'université et avec Forkel, qui développent chez lui sa connaissance de la théorie et son amour de Bach. Il commence la composition d'une ballade romantique sur un poème de Gottfried August Bürger, Leonore, vers 1798 et le processus de création se poursuit jusqu'en 1805, parallèlement à ses études à l'université.
Cependant, après le premier succès de sa ballade Lenore en 1806, un aristocrate mélomane (à qui il donne des leçons de piano), scientifique et économiste, le comte Jiří František Buquoy de Longeval (1771-1851), le détourne de sa carrière de juriste. Buquoy lui offre un poste avantageux de maître de musique, où il doit composer, s'occuper de l’orchestre et enseigner la musique pour sa famille ; de quoi se consacrer entièrement à la musique, avec un bon salaire (400 florins par an) et la possibilité de faire des voyages. Il habite chez son protecteur, au Palais Buquoy. Ce sont ses années les plus productives en tant que compositeur.
Il voyage à Eger, Dresde, Graz, Marienbad (pour y soigner sa goutte) et Vienne, où il rencontre Haydn (1808), Beethoven (1814) et Goethe. C'est le comte Buquoy qui lui présente le poète et après une correspondance, en 1822, il le rencontre, ce dont il donne les éléments dans son autobiographie. Lisant les poèmes de Goethe dans l'édition de 1815, il en met quarante-et-un en musique et en joue une quinzaine pour l'auteur, le 6 août 1822. Tomášek entretient également une correspondance avec Beethoven. En 1822, il s'installe définitivement dans le quartier de Malá Strana à Prague (l'actuelle rue Tomášska), dans la maison de l’éditeur de l’almanach Libussa. Il reste au service du comte jusqu'en 1824 et il reçoit dorénavant une pension de 700 florins.
En cette même année 1824, il crée sa propre école de musique. Pianiste et compositeur essentiellement autodidacte, il devient néanmoins l'un des plus éminents professeurs de musique de Prague dans deux domaines : la composition et le piano.
À cinquante ans, il épouse Wilhelmina Ebertová, rencontrée à Marienbad. Bonne pianiste et chanteuse, elle est la sœur du poète et écrivain de langue allemande, le Praguois Karl Egon Ebert. Le mariage se révèle être un échec au bout de deux ans. Il est affecté par la situation et amené à se retirer pendant plusieurs années. Wilhelmina, de santé fragile, meurt en 18365. Il renoue avec la vie artistique praguoise après cette date.
De nombreux compositeurs ou virtuoses sont attirés par l'enseignement de Tomášek, notamment Jan Václav Voříšek, Eduard Hanslick, Alexander Dreyschock, Johann Friedrich Kittl (directeur du Conservatoire de Prague entre 1843 et 1865) et Julius Schulhoff.
Il est le fondateur de l'école piano tchèque. Refusant la virtuosité vide, ses élèves étudient un Prélude et fugue de Bach après chaque cours et pendant les années 1830 et 1840, il organise tous les lundis soir des concerts privés, où se produisent ses disciples les plus doués.
Il y fait jouer ses partitions et anime des discussions sur la musique, la littérature et les arts. Il reçoit chez lui les plus grands musiciens : Paganini (1828), le jeune Wagner (1832), Clara Schumann (1837), Ole Bull (1839) Muzio Clementi, Franz Liszt et Berlioz (1846)
Il est si réputé à Prague et son autorité est si grande qu'on le surnomme le "pape musical de Prague".
À partir de 1845 et jusqu'à sa mort, très isolé et malade, mais toujours pédagogue, il publie son autobiographie.
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