Commentaire :
Né en 1535 probablement à Weert (Pays Bas) - mort le 6 mai 1596 à Mantoue (Italie)
Jacques de Wert ou Giaches de Wert est un compositeur franco-flamand.
Il émigre très jeune en Italie et devient enfant de chœur (enfant chantant dans le chœur) à la chapelle de la cour de Maria de Cardona, à Avellino, dans les environs de Naples.
Il est aussi possible qu'il ait appartenu un temps à la cour de Giulio Cesare Gonzaga di Novellara, qui réside à Rome de 1540 à sa mort en 1550.
Si ce dernier élément est exact, cela veut dire qu'il entra tôt en contact avec la grande famille des Gonzaga, au service de laquelle il resta jusqu'à la fin de ses jours, car, à partir de 1550, il est au service d'Alfonso Gonzaga, l'héritier du titre de comte de Novellara, qui exerce une fonction de premier plan à la cour papale. Dès lors, il séjourne alternativement à Rome, Mantoue et Novellera
En 1558, il publie son premier livre de madrigaux à 5 voix, ouvrage qu'il dédie à son mécène Alfonso pour lui témoigner sa gratitude.
Il se trouve à Parme en 1561, rencontre Cyprien de Rore et devient son élève à la cour de Ferrare. Sa vie privée est agitée. Sa femme le quitte, et il a une liaison malheureuse avec Tarquinia Molza, une poétesse, musicienne et chanteuse de la cour de Ferrare.
Nommé maître de chapelle du gouverneur de Milan en 1563, il envoie, l'année suivante, une messe à Mantoue pour les réjouissances entourant l'achèvement de la nouvelle chapelle ducale Santa Barbara. Cette marque de déférence lui est profitable. En 1565, à l'âge de 30 ans, il entre au service de Guillaume de Mantoue et obtient la charge de chef de chœur de la chapelle ducale de Santa Barbara.
Il y reste en poste jusqu'en 1592, car, en 1587, la vie musicale à Mantoue connaît un nouvel essor après la mort de Guillaume de Mantoue et l'arrivée au pouvoir de Vincenzo Gonzaga, un passionné du théâtre qui sera déçu quand il veut concevoir, en 1592, son propre projet d'une représentation de Il pastor fido, la pastorale populaire de Guarini, pour lequel Wert écrivit la musique, et qui resta sans suite.
Au cours de sa longue carrière musicale, Wert écrit 230 madrigaux et autres pièces profanes, publiés en 16 volumes de 1558 à 1608. S'ajoutent à cela plus de 150 œuvres sacrées (principalement des motets et des hymnes) dans lesquels il démontre sa maîtrise du contrepoint.
Avec Luzzasco Luzzaschi et Luca Marenzio, il est, dans les années 1580, l'un des chefs de file du style plus expressif du madrigal. Les poètes Le Tasse et Giovanni Battista Guarini lui inspirent régulièrement les choix des textes de madrigaux ; de surcroît, les représentations musicales du célèbre Concerto delle dame de Ferrare, un petit groupe de solistes féminines d'une virtuosité exceptionnelle, lui offrent la possibilité d'explorer une écriture complexe, car un certain nombre de madrigaux fut sans aucun doute destiné à ces chanteuses, de même que d'autres qui parurent dans des anthologies spécialement constituées pour Laura Peverara, une de ces dames du Concerto.
Jacques de Wert assure un lien entre Cyprien de Rore, son maître à Mantoue et un des pionniers du madrigal expressif, et le jeune Claudio Monteverdi qui considère Cyprien de Rore et Wert comme les compositeurs qui lui ont permis de renouveler son écriture.
Toujours à la recherche d'effets dramatiques, Wert utilise dans ses œuvres aussi bien des textures homophoniques que des passages polyphoniques afin de rendre les contrastes. Dans ses dernières œuvres, il adopte plus volontiers le style concertant, car l'influence des instructions du Concile de Trente à propos de la simplification de l'écriture polyphonique en vue d'une plus grande attention portée à la compréhension du texte se fait clairement sentir dans ce répertoire particulier de messes, d'hymnes et de psaumes. |