Commentaire :
Né le 18 avril 1605 à Marino (Italie) - mort le 12 janvier 1674 à Rome (Italie)
Giacomo Carissimi est le plus important compositeur italien d’oratorios et de cantates de son temps, et aussi pédagogue influent. Sa musique, largement diffusée en copies manuscrites, continua à être exécutée jusqu’au XIXe siècle. De sa vie, on ne connaît que les grandes lignes. Il chanta dans le chœur de la cathédrale de Tivoli puis y servit comme organiste au milieu des années 1620, et s’installa ensuite à Assise.
De 1629 à sa mort, il fut maestro di cappella au Collegio Germanico (collège jésuite) et à San Apollinare à Rome. On lui offrit des postes à San Marco de Venise et à la cour des Hasbourg à Vienne, mais il les refusa. On pense qu’il fournit de la musique aux académies roumaines, et on sait que dans les années 1650 il organisa des exécutions de carême à l’Oratorio del Santo Crocifisso.
En 1656, le reine en exil Christine de Suède en fit son maestro di Cappella del concerto di camera. Beaucoup de ses cantates profanes furent composées pour elle. Plusieurs compositeurs importants furent sans doute ses élèves, parmi lesquels G. P. Colonna, K. Förster, J. K. Kerll, Christoph Bernhard et M. A. Charpentier. La plupart des œuvres de Carissimi ne peuvent être datées avec précision, car elles survivent sous forme de copies manuscrites plutôt que d’autographes ou d’édition. Le pape Clément X tenta de protéger les autographes en fondant des archives à San Apollinare, mais elles disparurent en 1773 après la dissolution de l’ordre des Jésuites.
La missa a quinque et a novem (1665-1666) constitue une exception dans la mesure où elle fut publiée non à Rome, mais à Cologne. Quelques motets furent eux aussi publiés à Cologne, Constances et Rome du vivant de Carissimi.
Dans les trois quarts des cantates ayant survécu, et qui occupent une position bien spéciale entre celles de Luigi Rossi et d’Alessandro Scarlatti, Carissimi expérimenta une grande variété de formes d’airs pour soprano et continuo. Tout en restant très attentif au rythme et au message des textes, il fit ses délices de tout ce qui lui permettait de souligner leur côté sensuel. Vittoria, mio core illustre bien le style bel canto en ses débuts, et la cantate en duo I Filosofi s’impose par son dialogue plein d’entrain.
Etant donné les proportions "musique de chambre" et le professionnalisme de la cappella du Collegio Germanico, Carissimi put composer des motets et des oratorios de style concertant, s’appuyant particulièrement sur les voix solistes (les oratorios font appel en outre à un historicus ou récitant). Dans les oratorios, les chœurs sont en vif contraste avec les voix solistes et correspondent à des moments extrêmement dramatiques, par exemple dans Jonas et dans Judicium extremum. Transmettre la rhétorique du texte était pour Carissimi d’une importance primordiale, ce qui le conduisit à souvent atténuer la différence entre récitatif et air. Mattheson écrivit plus tard (1740) que de son vivant, Carrissimi était connu dans toute l’Italie comme «l’orateur musical» par excellence. Pour souligner le contenu émotionnel de textes comme ceux de Jephte et du Judicium Salomonis , il répétait des phrases clés et avait recours aux changements de mode, aux harmonies dissonantes et aux vastes sauts d’intervalles, sans oublier l’ornementation traditionnelle. Ces procédés furent plus tard codifiés par son élève allemand Christoph Bernhard.
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