Commentaire :
Né le 6 janvier 1872 à Moscou (russie) - mort le 27 avril 1915 à Moscou (Russie)
Né d'un père diplomate et d'une mère pianiste qui mourra pendant sa petite enfance de la tuberculose, Scriabine est élevé par une tante qui lui enseigne la musique, notamment le piano.
En 1888, il entre au Conservatoire de Moscou où il étudie la composition avec Taneïev, le piano avec Safonov (il obtiendra une médaille d'or) et l'harmonie avec Arensky.
1892-96 Plusieurs pièces pour piano dans le style de Chopin (op 1, 2, 3, 5, 7) sont publiées par Jurgenson ; Scriabine compose entre autres les 24 Préludes pour piano op 11 et les 12 Etudes op 8, découvre à travers Wagner l'hyperchromatisme et fait également une tournée en Europe (concert à Paris en janvier 1896).
1896-97 De retour en Russie, il achève sa première œuvre majeure, le concerto pour piano op 20 et épouse la pianiste Vera Isakovitch.
1898-1903 Scriabine enseigne le piano au Conservatoire de Moscou, compose Rêverie pour orchestre, les symphonies n°1 et 2 (d'un style néoromantique) et de nombreuses pièces pour piano (8 Etudes op 42, Poème tragique, Poème satanique...) : son style mélodique et harmonique va progressivement évoluer vers le seuil de la polytonalité et de l'atonalité.
1904-08 Apparaissent 2 œuvres majeures, sa symphonie n°3 "Le divin Poème" et le Poème de l'extase dans lesquelles Scriabine, influencé par la philosophie hindoue, cherchera l'accession "par l'extase à la fusion avec le cosmos" et où les timbres (célesta, cloches, clochettes) auront une grande importance ; le compositeur voyage à New York avec Tatiana Schloezer (début 1907) et rencontre en 1908 Serge Koussevitzky qui deviendra l'un de ses plus ardents défenseurs, comme chef d'orchestre et comme éditeur.
1908-10 Il écrit pour Koussevitzky son œuvre la plus ambitieuse, Prométhée ou le Poème du feu, avec une importante partie de piano tenue par lui lors de la création mondiale à Moscou le 15 mars 1911. Cette œuvre est originale par son idée de parallélisme des sons et des couleurs : Scriabine voulait un clavier à lumière destiné à projeter des couleurs changeantes selon la gamme du spectre ; elle innove aussi par la libération de la tonalité qui prend la forme de l'"accord mystique", accord de 6 sons fondé sur la résonance harmonique. La création selon le projet du compositeur, ne sera pas donnée avant 1975 avec l'Orchestre symphonique de l'Université d'Iowa et un appareil à laser construit par L. Cross.
1911-13 Scriabine quitte Koussevitzky et signe un contrat avec l'éditeur Jurgenson. Il compose ses sonates pour piano sans indication de tonalité : n°6 op 62, n°7 op 64 (Messe blanche), n°8 op 66, n°9 op 68 (Messe noire), n°10 op 70 : toute armure a disparu, il a fait éclater le cadre formel de la sonate pour se tourner vers une construction continue en un mouvement.
1914 Dernières œuvres pour piano (Deux poèmes op 71, Vers la flamme, 5 Préludes op 74).
1915 Dernière prestation en public à Petrograd ; Scriabine meurt d'un empoisonnement du sang le 27 avril à la suite d'une piqûre de mouche charbonneuse à la lèvre.
Aujourd'hui, on voit bien que Scriabine a fait œuvre de novateur en matière harmonique : son style, marqué par un chromatisme extrême évolue vers une trame harmonique si complexe que toute distinction entre consonance et dissonance s'évanouit ; ainsi aspire-t-il à un art universel dans lequel les impressions des sens doivent s'unir à une expérience religieuse.
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