Commentaire :
Né le 9 février 1885 à Vienne (Autiche) - mort le 24 décembre 1935 à Vienne (Autiche)
Alban Berg est un compositeur autrichien
Il naît au sein d’une famille viennoise aisée.
Enfant, son inclinaison va davantage à la littérature qu’à la musique ; c’est adolescent qu’il commence à composer des Lieder en autodidacte (le genre lui restera toujours familier par la suite).
Il devient l’élève d’Arnold Schoenberg en octobre 1904. Il étudie avec lui le contrepoint et l’harmonie dans une perspective toujours historiciste. À 21 ans, il ne se consacre plus qu’à la musique et, un an plus tard, commence à composer, cela directement dans l’esthétique révolutionnaire de Schoenberg : si les Sept Lieder de jeunesse gardent leurs fonctions tonales, la Sonate op. 1 les bousculent déjà nettement. Si ses influences restent Wagner, Mahler, Strauss), cet audacieux opus 1 n’aurait pas été envisageable sans l’exemple plus proche et « opérant » de Schoenberg, le mentor et bientôt l’ami.
Berg devient une figure ardente de la Vienne au crépuscule, pour reprendre le titre du roman d’Arthur Schnitzler publié en 1908. Il fréquente les compositeurs Alexander von Zemlinsky et Franz Schreker, le peintre Gustav Klimt, l’architecte Adolf Loos, le poète Peter Altenberg.
Il lit fidèlement les satires de Karl Kraus. Il rencontre Hélène Nahowski et, comme jadis Schumann confronté au père de Clara, a quelques difficultés à l’épouser (en 1911). C’est l’incontournable Schoenberg qui dirige en 1913 l’orchestre des Cinq Lieder sur des textes de cartes postales de Peter Altenberg, lesquels déclenchent un terrible chahut dans la salle : Berg est officiellement devenu un « compositeur radical ».
L’œuvre choque moins encore par son langage que par la démesure luxueuse de son orchestre, qui semble se gâcher dans des mélodies très brèves.
Vient la guerre. D’abord patriote enthousiaste, Berg est vite déçu par sa vie de soldat (1915-1918). Cette expérience influencera, innervera le livret de l’opéra Wozzeck, d’après la pièce Woyzeck (1837) de Büchner, qui raconte les déboires d’un troufion psychologiquement instable.
Ébauché durant cette période traumatisante, l’opéra s’écrit lentement jusqu’en 1922. Le chef-d’œuvre, qui bénéficie d’un nombre de répétitions exceptionnel, est créé le 14 décembre 1925 à Berlin, sous la baguette assurée d’Erich Kleiber. Le succès est rapide et bientôt international. Berg semble avoir dépassé le maître Schoenberg, et d’un point de vue social, c’est alors un fait certain.
Il aura été le seul des trois Viennois (c’est-à-dire Schoenberg et ses deux élèves célèbres, Berg et Webern) à provoquer un engouement un tant soit peu populaire.
La Suite lyrique, son second quatuor à cordes, sera la première œuvre réellement dodécaphonique de bout en bout, après les essais du Concerto de chambre. Berg, malgré le succès, reste donc fidèle à l’exemple de Schoenberg qui a ébauché son célèbre système (la méthode de composition avec douze sons n’ayant de relations que les uns par rapport aux autres) vers 1923.
Surtout, l’œuvre est inspirée d’une relation mystérieuse avec Hanna Fuchs, femme mariée comme lui, relation dont on ignore encore la réelle « consommation », probablement éphémère, insatisfaisante et de toute façon romantique.
Après le succès de Wozzeck, le prochain grand projet, longuement mûri, sera alors le second opéra, qui deviendra Lulu, d’après deux pièces du scandaleux dramaturge de Munich Frank Wedekind, « compactées » par Berg lui-même (L’Esprit de la terre, 1895, et La Boîte de Pandore, 1902).
Deux commandes s’immiscent dans la composition de ce second chef-d’œuvre dramatique et engendrent Le Vin, d’après des poèmes de Baudelaire, et le célèbre Concerto pour violon dit « à la mémoire d’un ange » (en hommage à Manon, fille d’Alma Mahler et de l’architecte Walter Gropius, morte à 18 ans de la poliomyélite).
Le concerto doit son succès, sans doute, à son retour relatif à un langage sinon tonal, du moins plus ancré dans le répertoire connu du public, notamment par ses citations.
Ce léger retour imprègne également le langage de Lulu, qui contient aussi quelques éléments tonals.
L’opéra retrace les splendeurs et misères d’une courtisane amorale, réponse féminine logique à l’oppression masculine (telle qu’exposée par Karl Kraus dans une conférence en 1905, elle aussi titrée La Boîte de Pandore).
L’opéra restera cependant inachevé. Berg meurt le 24 décembre 1935, tué par une simple piqûre d’insecte qui engendre un abcès au dos, bientôt compliqué en septicémie (les antibiotiques seront inventés quatre années plus tard…).
Il faudra attendre 1979 pour qu’on entende, à l’Opéra de Paris, dirigée par Pierre Boulez, une version de Lulu complétée par Friedrich Cerha. |