Né le 10 septembre 1941 à Nottingam (Angleterre) - décédé le 24 septembre 2014 à Cambridge (Angleterre)
Christopher Hogwood est un claveciniste, chef d'orchestre, musicologue et homme de radio britannique. Il est un spécialiste reconnu de la musique baroque.
Il étudie à l’Université de Cambridge, de 1960 à 1964, au même moment que deux autres éminents spécialistes de la musique ancienne au Royaume-Uni, David Munrow et John Eliot Gardiner.
Après des études de clavecin à Paris (1961) avec le colombien Rafael Puyana, puis à Prague (1964-1965), avec la tchèque Zuzana Růžičková, il devient le disciple de Gustav Leonhardt à Amsterdam (1968-1969). En 1965, il cofonde avec David Munrow The Early Music Consort of London, avec lequel, de cette date à la mort de Munrow, à 34 ans, en 1976, il va graver et donner de nombreux disques et concerts. Pendant les mêmes années, il joue la basse continue dans The Academy of Saint Martin-in-the-Fields, le fameux orchestre de chambre (sur instruments modernes) de Sir Neville Marriner, dont il est aussi le conseiller musicologique.
Quand il fonde, en 1973, l’orchestre d’instruments anciens The academy of Anscient Music, le label l’Oiseau-Lyre, filiale de Decca, à l’époque doté de grands moyens financiers, lui permet bientôt de lancer de vastes chantiers discographiques. Il enregistre par exemple, à partir de 1978, l’intégrale des symphonies (ainsi que des pages religieuses, des opéras, des concertos, etc.) de Wolfgang Amadeus Mozart. En 1980, une version luxueuse et pharaonique du Messie de Haendel fera date. (Notons qu’y jouait, à la basse continue, William Christie, un autre futur « grand » de la musique ancienne…).
Autres disques promis à un colossal succès : le Stabat Mater et le Nisi Dominus, de Vivaldi, avec le contreténor James Bowman, autre membre fondateur du Early Music Consort of London, et les Leçons de ténèbres de François Couperin, avec les sopranos Judith Nelson et Emma Kirkby, première version historicisante de cette oeuvre. Pour le grand public, Hogwood n’hésitera pas à ajouter son interpétation du Canon de Pachelbel à une discographie du « tube » déjà pléthorique.
Cependant, l’Oiseau-Lyre lui laisse carte blanche en matière de répertoire rares : au clavier, il grave des pièces de Thomas Arne, Carl-Philipp Emmanuel Bach, Louis Couperin, Girolamo Frescobaldi, Orlando Gibbons ou encore le fameux recueil du Fitzwilliam Virginal Book. Avec son orchestre, il rend hommage à des compositeurs méconnus, aux côtés des grands noms des périodes baroque et classique.
L’un des pans les moins connus du travail de chef d’orchestre de Christopher Hogwood est sa collaboration avec des orchestres de chambre ou symphoniques jouant sur instruments modernes. Ainsi, l’Orchestre philharmonique de Los Angeles adorait l’inviter, en dépit d’une gestique qui avait d’abord surpris les musiciens, cependant très vite séduits par la force et l’originalité des idées musicales du Britannique.
Hogwood fut aussi le directeur musical (1986-2001) de la Haendel and Haydn Society de Boston, qu’il convertit aux instruments anciens ; directeur musical (1987-1992) puis premier chef invité (1992-1998) du Saint Paul Chamber Orchestra of Minnesota ; conseiller artistique de l’Australian Chamber Orchestra (1989-1993) ; premier chef invité (2001-2004) de l’Orquesta Ciudad de Granada, en Espagne ; premier chef invité (2003-2006) de l’Orchestra Sinfonica di Milano Giuseppe Verdi, en Italie. Depuis 2011, il occupait la même fonction à l’Orchestre philharmonique de Poznań, en Pologne.
Sa relation privilégiée avec l’Orchestre de chambre de Bâle, dont il fut le premier chef invité de 2000 à 2006, a été marquée par une passionnante série consacrée à des répertoires néo-classiques, voire néo-baroques, c’est à dire des musiques de la fin du XIXe siècle ou de la première moitié du Xxe siècle qui se réfèrent à des modèles anciens. Dans une collection publiée par BMG/Arte Nova, nommée « Klassizistische Moderne », on découvre des œuvres rares de Casella, Stravinsky, Tippett, Britten et une interprétation exemplaire de la musique pour Le Bourgeois gentilhomme, de Richard Strauss.
Hogwood avait une passion particulière pour la musique du tchèque Bohuslav Martinu auquel il a consacré plusieurs disques de musique de ballet (Supraphon, Decca) ou concertante (il a gravé, pour Hyperion, avec la Philharmonie tchèque, l’intégrale de sa musique pour violon et orchestre). Le Britannique, dont la curiosité et l’expertise étaient décidément sans bornes, s’intéressera aussi à la musique du compositeur danois Niels Gade dont il enregistre les symphonies pour Chandos.
Christopher Hogwood était également réputé pour le soin musicologique qui accompagnait chacun de ses projets musicaux, pour lesquels il préparait des éditions personnelles, qu’il s’agisse de Purcell ou de Stravinsky. Il a largement contribué à revoir les éditions de certaines compositions de Mendelssohn et était président du comité éditorial des œuvres complètes de Carl Philip Emmanuel Bach.
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