Compositeur et pianiste russe d'origine allemande né le 24 novembre 1934 à Engels, près de Saratov sur les rives de la Volga, de père juif allemand marié à une russe d'origine allemande, Schnittke est de langue maternelle allemande, et jamais vraiment, il ne s'est senti à l'aise en Russie.
Après un séjour viennois de 46 à 48, il y retourna, trente ans plus tard pour y vivre, mais avant cela il vécut son enfance sous Staline, son adolescence sous les années Kroutchev et surtout sa maturité dans ce morne glacis que furent les années Brejnev. Ni inscrit dans un courant germanique, ni dans un renouveau nationaliste russe, il a dû se créer ses territoires imaginaires.
Alfred Schnittke est sans conteste le plus grand compositeur russe depuis Chostakovitch. Sa production abondante comprend trois opéras, trois ballets, neuf symphonies, des concertos, des pièces de chambre et plus de soixante- dix musiques de films. C'est grâce à Gidon Kremer que le musicien effectua son premier voyage à l'Ouest, en 1977. Le violoniste balte n'a cessé de jouer et de faire connaître les oeuvres de Schnittke, mal vues par la bureaucratie soviétique. Pour lui, il est le compositeur le plus "violonistique" du XXe siècle.
Défendu par Rostropovitch, Gidon Kremer, Bashmet, il est rapidement devenu le chef de file de sa génération par ses grandes oeuvres (Ritual, concerto pour alto, Requiem, concerto grosso...)
En butte à l'oppression, enfermé dans la bêtise de tout un appareil d'Etat, il n'a dû sa survie que dans sa dissidence intérieure qui était de refuser la musique obligée pour tenter de forger son langage au travers des oeuvres contemporaines qui parvenaient jusqu'à lui. Si pour certains le dodécaphonisme était la dernière mode, pour lui c'était une arme contre l'écrasement. Lucide et veilleur des temps, il a appréhendé le monde comme étant en morceaux, éclaté de mille parts et mélangeant trivial et sublime.
Il est décédé , le 3 août 1998 à Hamburg
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