MAGALOFF Nikita


Nom : MAGALOFF
Prénom : Nikita

Piano
Russe naturalisé Suisse
(1912 - 1992)

Commentaire :
Né le 28 février 1912 à Saint-Pétersbourg, Nikita Magaloff allait jouir d’un environnement musical propice à son développement artistique. Son oncle et sa mère étaient d’excellents pianistes amateurs. Ils cotoyaient Alexandre Siloti, élève de Liszt, et surtout créateur des Concerts éponymes qui attiraient à Saint-Pétersbourg les plus grands compositeurs de l’époque. L’iconoclaste Prokofiev, lui aussi ami des Magaloff, choquait le public conservateur avec ses Visions Fugitives et ses deux premiers concertos. Rachmaninov au faîte de sa gloire venait régulièrement présenter ses dernières compositions aux concerts de son cousin Siloti. Le jeune Nikita aurait entendu du piano pour la première fois sous les doigts de Prokofiev jouant la Sonate en si de Chopin. Mais avec la révolution bolchévique, tout ce gratin musical allait émigrer. En 1918, la famille Magaloff passa en Finlande et devait y rester quatre années avant de pouvoir gagner Paris. Prokofiev, lui, était passé par l’Asie, avait rejoint les Etats-Unis et retrouvé l’oncle Magaloff à New York, pour finalement venir s’installer à Paris et rallier le reste de la famille. Nikita, qui avait déjà montré des facilités pour l’instrument, alla se forger sa technique dans la classe d’Isidore Philipp au Conservatoire nouvellement installé rue de Madrid. Bien qu’élève de Georges Mathias, Philipp était plutôt un adepte de l’académisme selon Saint-Saëns. On ne jouait que sur des pianos Erard ou Pleyel, et la technique enseignée était celle du jeu perlé dans le plus pur style de l’école française. Au sein de cet enseignement, Magaloff avait peu de liberté. Il lui était formellement interdit de prendre conseil auprès de musiciens comme Maurice Ravel ou Nadia Boulanger, autant de personnalités dangereuses pour son éducation! Son premier prix en poche, à l’âge de dix-sept ans, il allait bien sûr s’empresser de faire tout ce qui était défendu par Philipp. En premier lieu, il passa son temps à rencontrer Ravel qui avait dit de lui: “Il est né avec Magaloff un grand musicien”. Puis il passa le Rhin pour rencontrer Schnabel en 1932 qui lui révéla Beethoven et Schubert. Backhaus et Gieseking répondirent aussi à sa curiosité en lui faisant découvrir d’autres musiciens allemands ainsi que Debussy. Avec Prokofiev, il avait bien sûr continuement travaillé la musique russe. Le couronnement de sa formation lui fut donné par le violoniste Joseph Szigeti auprès duquel il découvrit la générosité du son à travers l’essentiel de la musique de chambre. Rapidement, les concerts s’enchainèrent sur tous les continents. Magaloff était le type de pianiste qui pouvait s’offrir les plus grandes salles et les plus grands chefs sans même être lauréat d’un concours. Sa seule tentative au premier concours Eugène Ysaÿe de 1938 (qui ne s’appelait pas encore Reine Elizabeth) fut sans suite. Il ne s’intéressa que plus tard aux joutes pianistiques mais en tant que membre du jury, notamment au concours Van Cliburn, et surtout au concours Clara Haskil qu’il présida de 1977 à 1989. En 1949, il reprit la classe de perfectionnement de Dinu Lipatti au Conservatoire de Genève, ce qui marqua le début de sa longue passion pour l’enseignement. Pour suivre ses classes de maître, il fallait aller à Paris, à l’Académie Chigiana de Sienne, à Taormina en Sicile, ou mieux, faire partie des élus qui invités chez lui, à Montreux. Magaloff n’était pas un homme de studio. Il lui fallait une salle et un public pour partager le bonheur de la musique, ce qui ne faisait pas l’affaire des ingénieurs du son. Pour son intégrale Chopin, il leur répondit: “Si vous m’enlevez le public, laissez moi au moins la salle”, et demanda que les prises eussent lieu dans la salle vide du Concertgebouw d’Amsterdam. Les maisons de disques trouvèrent à la fin que travailler avec Magaloff était une affaire trop compliquée. Comme lui-même ne courait pas après les disques, ceci explique un nombre relativement peu élevé d’enregistrements. Cela était sans importance à ses yeux, car la plénitude de l’instant avait plus de valeur que le désir de devenir immortel. Magaloff n’a jamais été Cortot et encore moins dans ses vieux jours. A plus de soixante-dix ans, il jouait encore dans le grand style qui était le sien, mais sans fausse note et sans trou de mémoire. Lorsqu’il mourut peu après Noël, en 1992, s’en alla un homme épris de la vie et des autres, et dont la jeunesse d’esprit n’avait jamais fléchi. Quelque soit sa marque et sa facture, le meilleur piano du monde restera pour toujours celui qui chantait sous les doigts de Magaloff.

Liste des interprétations de MAGALOFF Nikita
CompositeurType d'oeuvreOeuvreClassificationPhoto
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Étude pour piano n° 3 'Tristesse' ou 'l'Intimité' Op. 10/ 3
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Étude pour piano n° 5 'Clés noires' Op. 10/ 5
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Étude pour piano n° 12 'Révolutionnaire' ou 'Chute de Varsovie' Op. 10/12
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Étude pour piano n° 13 'La harpe éolienne' Op. 25/ 1
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Étude pour piano n° 21 'Le papillon' Op. 25/ 9
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Prélude pour piano n° 4 ' Suffocation' Op. 28/ 4
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Prélude pour piano n° 7 'Danse polonaise' Op. 28/ 7
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Prélude pour piano n° 9 'Vision' Op. 28/ 9
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Prélude pour piano n° 15 'Goutte de pluie' Op. 28/15
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Mazurka pour piano n° 36 Op. 59/1
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Mazurka pour piano n° 37 Op. 59/2
CHOPIN Frédéric Oeuvre pour piano, clavecin, clavier solo Mazurka pour piano n° 38 Op. 59/3