SCHERCHEN Hermann


Nom : SCHERCHEN
Prénom : Hermann

Chef d'orchestre
Allemand
(1891 - 1966)

Commentaire :
Né le 21 juin 1891 à Berlin (Allemagne) - décédé le 12 juin 1966 à Florence (Italie)
Hermann Carl Julius Scherchen est un chef d’orchestre allemand.

Fils d'aubergiste, né dans un quartier ouvrier de Berlin, Hermann Scherchen, très vite passionné par la musique, connaîtra les chemins de traverse d'un autodidacte. Jeune, il apprend à jouer de l'alto et devient altiste dès l'âge de seize ans. De 1907 à 1910, il joue régulièrement avec l'Orchestre Blüthner et temporairement, avec l'Orchestre Philharmonique de Berlin.

C'est sa rencontre, en 1911 avec Arnold Schönberg, dont il est assistant pour préparer la création du Pierrot lunaire, qui change tout. L'œuvre intéresse Scherchen par bien des points. Écrite dans une atonalité libre, annonçant l'atonalité ordonnée du sérialisme, elle s'inscrit dans un nouveau monde musical, rompant avec les théories classiques. Grand érudit, ayant étudié pratiquement toutes les dernières recherches musicologiques, Hermann Scherchen se reconnaît pleinement dans ces audaces et devient l'un des plus fervents défenseurs des créateurs contemporains. Le Pierrot lunaire est créé à Berlin le 16 octobre 1912 par Schoenberg lui-même, et une tournée durant laquelle Scherchen fait ses débuts de chef d'orchestre est organisée en Allemagne.

En 1914, Hermann Scherchen devient l'un des chefs de l'Orchestre symphonique de Riga1 pendant sa saison d'été, mais, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, il devient « prisonnier civil de guerre » jusqu'à la fin des hostilités. Il retourne ensuite à Berlin, où il fonde un quatuor à cordes qui porte son nom, ainsi qu'une société musicale, la Neue Musikgesellschaft (Société de nouvelle musique), qui organise des concerts de musique moderne avec le concours d'artistes tels que Adolf Busch, Artur Schnabel et Béla Bartók.

En 1919, il crée Melos, une revue consacrée à la musique contemporaine puis, l'année d'après, devient lecteur à la Musikhochschule de Berlin et dirige une chorale d'ouvriers. En 1921, on le retrouve à la tête de l'Orchestre du Konzertverein de Leipzig, puis, de 1922 à 1924, à Francfort, où il remplace Wilhelm Furtwängler pour les Museumskonzerte.

Dès 1923, il est l'un des membres fondateurs de la S.I.M.C (Société Internationale de musique contemporaine) et établit des liens très étroits avec la ville de Winterthur, où il dirige régulièrement jusqu'en 1947, prenant même, pour un certain temps, le poste de directeur du Collège de musique. En 1923 également, il dirige l'une des toutes premières exécutions de L'Histoire du soldat d'Igor Stravinsky, avec Carl Ebert comme récitant.

Parmi ses premières de l'époque, on peut citer les Trois fragments du Wozzeck d'Alban Berg, l'air de concert Der Wein de Berg, avec la soprano Ruzena Herlinger, le Concerto à la mémoire d'un ange du même, donné en première audition par la S.I.M.C à Barcelone le 19 avril 1936, soit trois mois après le décès du compositeur ; de nombreuses œuvres de Paul Hindemith et l'opéra en quarts de ton Matkà (c'est-à-dire La mère) du Tchèque Alois Hába.

Au début de l'automne 1924, Scherchen et Hindemith, organisent du 15 au 18 septembre, un petit festival à Francfort-sur-le-Main consacré à Arnold Schoenberg, dont le cinquantième anniversaire avait eu lieu le 13. Le programme comprend, entre autres, Das Buch des hängenden Gärten (Le Livre des jardins suspendus), la Symphonie de chambre, des pièces pour piano, avec le concours d'Eduard Steuermann, et le Pierrot lunaire.

En 1928, Hermann Scherchen devient le directeur général de la musique à la radio de Königsberg, poste qu'il occupe jusqu'en 1931. Par ailleurs, il devient chef de l’Orchestre de l'ORAG, mais il en prend congé en 1933, en même temps qu'il quitte l'Allemagne nazie, en raison de son opposition au régime en place, pour la Belgique jusqu'en 1936, puis la Suisse. Lors de son internement en Russie, il s'était senti proche de la Révolution d'Octobre et on lui prêta, dès lors, une sympathie pour l'idéal communiste. Il profite de son exil pour voyager beaucoup, travaillant à Bruxelles, à Vienne ou en Suisse comme chef invité. Il finit par s'installer définitivement dans ce pays, d'abord à Neuchâtel, puis à Zurich, où il occupe un minuscule deux-pièces qu'il partage avec sa mère. En 1936, il est à Budapest et compte Rolf Liebermann parmi ses élèves.

En 1937, il crée à Vienne l'Orchestre Musica Viva, avec lequel il donnera son dernier concert le 10 mars 1938, en raison de l'Anschluss. Il épouse alors la compositrice chinoise Xiao Shuxian, avec qui il aura trois enfants, dont Tona Scherchen-Hsiao (née en 1938), elle-même devenue compositrice.

De 1944 à 1950, il dirige l'orchestre de la Radio de Beromünster, la station de radiodiffusion de Zurich. Lorsque les trois principaux orchestres des radios de Suisse alémanique – Zurich, Berne et Bâle – s'unissent, ils prennent le nom de Studio Orchester, et Scherchen en devient le directeur musical. Dans l'immédiat après-guerre, il reçoit plusieurs propositions pour revenir en Allemagne : chef principal de l'Orchestre Philharmonique de Berlin, de l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig ou de l'Orchestre Radio-Symphonique. Plus, même : on lui offre un poste à l'Opéra d'État de Berlin ainsi que la direction artistique du Conservatoire de Leipzig. Scherchen refuse tout en bloc, préférant créer à Bruxelles sa maison d'édition Ars Viva Verlag, destinée à publier les œuvres des auteurs contemporains.

L'année 1950 marque pour Scherchen, la fin d'une première vie. Sa mère – peut-être son seul repère – meurt à quatre-vingt-huit ans ; sa femme Xiao Shuxian le quitte, il rompt toute collaboration avec la radio suisse et se sépare, après vingt-huit années de collaboration, du Collège de Musique de Winterthur. Poursuivi par son ombre rouge; ayant fait, un peu maladroitement au retour d'un concert à Prague, l'apologie de la culture des pays de l'Est, il est en proie à une vindicte sans fin et préfère démissionner de toutes ses fonctions en Suisse alémanique. Il trouve refuge dans le Tessin, à Gravesano. Il rencontre alors la mathématicienne roumaine Pia Andronescu, qui va le sauver du suicide. Elle devient sa femme et la future mère de ses cinq derniers enfants, dont l'aînée, Myriam, a consacré sa vie non seulement à la mémoire de son père, mais aussi à la réédition des enregistrements de concert et de studio de son père grâce à la firme discographique Tahra, fondée en compagnie de René Trémine. De plus en plus intéressé par les recherches électro-acoustiques, Scherchen crée, en 1954 avec le soutien de l'UNESCO le Studio de Gravesano, aboutissement d'un vieux rêve qu'il date lui-même des années 1920.

Ce studio expérimental d'électro-acoustique donne lieu à de nombreux congrès. Dans ce cadre, Scherchen publie les Graversaner Blätter. En 1956, il est nommé avec Josef Krips Premier chef de l'Orchestre symphonique de Vienne et effectue de nombreux enregistrements. Pendant un an (1959-1960), il prend la direction de la Nordwestdeutsche Philharmonie à Herford, en Westphalie du Nord ; ce sera son dernier poste permanent. Durant toutes ces années d'après-guerre, il est fréquemment invité à diriger en France, en Angleterre et en Italie. C'est également en 1950 qu'il se lie avec la firme Westminster, pour laquelle il réalisera la plupart de ses enregistrements.

Sa passion pour la musique contemporaine fait de Scherchen un pionnier. Grâce à lui, et à sa faculté de perpétuelle quête, beaucoup de compositeurs du xxe siècle peuvent pleinement éclore. Ardent défenseur de la Seconde école de Vienne (Arnold Schoenberg, dont il enregistre une vertigineuse version d'Erwartung avec Magda László, Alban Berg et Anton Webern), il dirige aussi le Richard Strauss de la fin des années 1940, Edgar Varèse, Albert Roussel, Paul Dessau ou, encore, certaines œuvres de son élève, Karl Amadeus Hartmann, auteur de l'opéra Simplicius Simplicissimus, au livret duquel il a collaboré. Véritable découvreur de talents, il sait tendre la main à de jeunes compositeurs sériels comme Bruno Maderna, Pierre Boulez, Boris Blacher, Norman Del Mar, Walter Goehr, Iannis Xenakis ou Luigi Dallapiccola, qui trouvent ainsi une audience internationale.

D'hier à demain, celui que Xenakis appela l'accoucheur de la musique a, de fait, noué les liens improbables entre toutes les époques. Créateur de plus de deux cents œuvres contemporaines, il compte sans doute parmi les chefs d'orchestres du siècle au plus vaste répertoire, allant de Giovanni Gabrieli et Bonaventura Cavalieri à Luigi Nono et Karlheinz Stockhausen.

Liste des interprétations de SCHERCHEN Hermann
CompositeurType d'oeuvreOeuvreClassificationPhoto
BACH Johann Sebastian Cantate Widerstehe doch der Sünde BWV 54
BACH Johann Sebastian Cantate Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit BWV 106
BACH Johann Sebastian Cantate Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust BWV 170