JONES Gwyneth


Nom : JONES
Prénom : Gwyneth

Soprano
Galloise
(1936 - )

Commentaire :
Née le 7 novembre 1936 à Pontnewynydd (Pays de Galles)
Dame Gwyneth Jones est une soprano dramatique galloise.
Née au cœur des mines de charbon du Pays de Galles, à quelques 30 kilomètres de Cardiff. En 1956, peu après le décès de son père, elle obtient une bourse qui lui permet d'entrer au Royal College of Music de Londres. Tout en multipliant les petits métiers afin de vivre décemment, elle découvre l'opéra au Sadler's Wells ou, encore, à Covent Garden.
Gwyneth va passer quatre ans au RCM, travaillant en premier un répertoire d'oratorios et de lieder, développant un timbre de mezzo-soprano.
En 1960, elle part pour l'Italie suivre les cours de la célèbre Accademia Chigana de Sienne où, entre autres, elle se familiarise avec la langue. De retour à Londres, elle gagne le concours de la Boise Foundation qui lui permet d'aller travailler en Suisse, notamment aux côtés de Maria Carpi.
En 1962, elle fait ses vrais débuts, toujours en tant que mezzo-soprano, avec le rôle d'Orfeo dans Orphée et Eurydice de Gluck et obtient d'être engagée dans la troupe de l'opéra de Zürich pour la saison 62-63.
Très vite, Gwyneth Jones se rend compte de l'étendue de sa voix et d'un possible changement de registre. Elle hésite, mais Maria Carpi et d'autres la voient déjà devenir soprano. Le chef d'orchestre Nello Santi qui l'auditionne alors dans divers rôles de mezzo du répertoire allemand, tranche une bonne fois pour toutes. Jones travaille alors l'extension de sa voix vers l'aigu, et aborde, dès 1964, Amelia, du Bal masqué de Verdi.
La même année, un coup du sort la propulse sur le devant de la scène à Covent Garden. Prévue pour jouer les possibles doublures de Leontyne Price dans le rôle de Leonora du Bal masqué de Verdi, dans une mise en scène signée Luchino Visconti et sous la baguette de Carlo Maria Giulini, elle la remplace au pied levé le 19 novembre 1964, puis pour le reste des représentations. En 1964 également, elle remplace Régine Crespin dans le rôle-titre de Fidelio de Ludwig van Beethoven, qui marque une première approche des rôles de soprano dramatique. Le succès est au rendez-vous.

À partir de ce jour, Gwyneth Jones inscrit à son répertoire les héroïnes de Giuseppe Verdi: Desdémone, dans Otello, Elisabeth, dans Don Carlos. Elle incarne également Donna Anna, de Don Giovanni, l'une de ses rarissimes incursions dans l'univers de Mozart; Santuzza, dans Cavalleria rusticana, de Pietro Mascagni et les rôles-titres de Médée, de Luigi Cherubini et Aïda, qu'elle chante enfin en italien.
La cantatrice, que les théâtres lyriques du monde entier commencent à réclamer, travaille également des rôles plus complexes, telle Lady Macbeth, qui joue astucieusement sur deux tessitures; voire plus "lourds". Elle chante alors Minnie, dans La fanciulla del West, de Giacomo Puccini, Crysothémis, dans Elektra, Ariadne dans Ariadne auf Naxos, La Maréchale, du Chevalier à la rose et les rôles-titre de Salomé et d'Hélène d'Égypte, cinq opéras de Richard Strauss qui prouvent qu'elle est pleinement devenue soprano dramatique. En 1966, elle fait ses débuts à Vienne avec Fidelio, en remplacement de Birgit Nilsson.
En plus de sa voix, Gwyneth Jones possède presque naturellement les capacités d'une comédienne.

Dès 1963, en fait, Gwyneth Jones fréquente l'univers de Wagner et participera régulièrement au Festival de Bayreuth dès 1966.
Un cran est franchi lorsqu'elle interprète Senta à Covent Garden. En 1966 Wieland Wagner, qui a contribué à révolutionner les mises en scène à Bayreuth, l'appelle pour une possible Elisabeth, de Tannhäuser qu'elle apprend un un seul jour. Malheureusement, il meurt, et le projet ne se concrétisera pas.
En 1972, c'est toujours avec Wagner et « Sieglinde » qu'elle fait ses débuts au Metropolitan Opera de New York sous la direction de Herbert von Karajan. Le couronnement viendra lorsqu'elle abordera Isolde de Tristan et Isolde et Brünnhilde, dans l’Anneau du Nibelung.
Ce Tristan et Isolde ne verra le jour qu'à San Francisco en 1982.
Gwyneth Jones dans le "Ring" du centenaire, Bayreuth, 1976, dans une mise en scène de Patrice Chéreau.

Pour Gwyneth Jones, rien ne se réduit à rien, et Wagner peut être surpassé. Pourtant, elle a marqué Brünnhilde de son empreinte, et la chantera régulièrement. Il y aura aussi son Isolde de San Francisco en 1982, mais bien d'autres incarnations, et non des moindres : une incursion dans le monde de Claudio Monteverdi avec Poppée, en 1978; le rôle-titre d'Elektra. Aux Jeux olympiques de Los Angeles, en 1984, elle interprète le rôle-titre de Turandot pour la première fois et en fera l'une de ses plus grandes interprétations. Elle doit sans doute ce rôle à la cantatrice Eva Turner qui l'y a patiemment mais intensément préparée.
En 1985, elle aborde le rôle de la Teinturière dans La Femme sans ombre, de Strauss. Ses cinq rôles majeurs de l'univers de Strauss incluent, aussi, une incroyable performance, lorsqu'un soir, elle chanta à la fois La Teinturière et L'Impératrice de ce dernier opéra.
Condamnée malgré elle à demeurer dans le cercle Wagner-Strauss-Puccini, elle parvient à s'en évader avec le rôle d’Hanna Glawari, dans la Veuve joyeuse, de Franz Lehar en 1979 ainsi qu'avec le rôle-titre de la Norma, de Vincenzo Bellini. Elle intègre à son large répertoire la Veuve Begbick dans Grandeur et décadence de la ville de Mahagony, opéra politico-satirique de Kurt Weill sur un livret de Bertold Brecht au festival de Salzbourg en 1998. Viennent, ensuite, Kostelnicka, dans Jenůfa et la Kabanicha, dans Katia Kabanova, deux œuvres de de Leoš Janáček. Elle a également interprété Ortrud, dans Lohengrin, ce qui fait d'elle la seule cantatrice à avoir chanté tous les principaux rôles féminins de Wagner, à l'exception d'Elsa.
C'est à Paris, le 18 mai 1989 qu'elle apparaît seule en scène, pour La Voix humaine, de Francis Poulenc, long monologue d'une femme chantant son amour et son désespoir au téléphone. Un rôle d'actrice, plus que de cantatrice. S'ensuivra une étonnante composition de la femme perdue, affolée et, peut-être folle, dans Erwartung, d'Arnold Schoenberg, mini-opéra de 45 minutes.
En plus de nombreux récitals d'air d'opéras ou de lieder, et de nombreuses "master classes", Gwyneth Jones fait, en 2003, ses débuts en tant que metteur en scène et costumière pour une production du "Hollandais volant" à Weimar. Toujours d'attaque, elle interprète en 2007 la Reine de Coeur dans Alice au pays des merveilles, opéra de Unsuk Chin, d'après l'oeuvre de Lewis Carroll. En février 2008, elle incarne Herodias, dans une production de Salomé signée Stephen Langridge, à Malmöo, en Suède, sous la direction d'Adrian Müller.

Gwyneth Jones habite depuis plus de trente ans sur les hauteurs de Zürich. Elle a une fille, Susannah Haberfeld, qui est mezzo-soprano.

Liste des interprétations de JONES Gwyneth
CompositeurType d'oeuvreOeuvreClassificationPhoto
WAGNER Richard Opéra Walkyrie (La) [?] WWV 86B